En tant que producteurs mondiaux de sirop d’érable, les acériculteurs du Québec font partie à part entière du
secteur économique et culturel de la province. En 2020, la production s’élevait à 175 millions de litres de sirop d’érable répartis entre les 7 400 entreprises acéricoles québécoises. Il s’agit donc d’un secteur qu’il est nécessaire de protéger. Malheureusement, ce secteur est menacé par quelques ennemis, tel que le longicorne étoilé (Anoplophora glabripennis).
Qui est-il? D’où vient-il?
Aussi connu sous le nom de longicorne asiatique, le longicorne étoilé est un coléoptère de la famille des Cérambycidés. Cette espèce exotique envahissante est originaire de la Corée ainsi que de la Chine, pays où elle a causé la mort de près d’un million d’arbres. Ce ravageur a malheureusement été introduit en Amérique du Nord de façon involontaire. Effectivement, ce petit envahisseur est parfois introduit par le biais de matériaux ou de palettes de bois infestés provenant du transport des zones industrielles ou commerciales.
Le cycle de vie de cette espèce peut aller d’un à trois ans. À l’âge adulte, les longicornes émergent de l’arbre dans lequel ils sont nés en le dévorant. Ils laissent derrière eux des trous pouvant aller de 6 à 15 mm de diamètre. Une fois à l’extérieur, les adultes se nourrissent de feuillages durant quelques semaines, après quoi ils se trouvent un partenaire de reproduction. À la suite de l’accouplement, la femelle creuse des entailles dans le bois, là où elle déposera ses œufs de manière individuelle. La période d’éclosion peut s’étendre sur deux semaines.
Pourquoi est-il considéré comme un ravageur?
Le longicorne étoilé est une espèce dont le régime alimentaire est principalement composé de bois. Une fois que l’œuf du longicorne étoilé aura éclos, la larve se retrouvera à l’intérieur des rainures créées par la mère. Puis, la larve restera à l’intérieur de l’arbre jusqu’à l’âge adulte. Ainsi, durant toute sa période de vie en tant que larve, période pouvant durer jusqu’à quelques mois, elle se nourrira principalement du cambium de l’arbre. Après avoir créé une galerie d’alimentation dans le cambium, la larve se déplacera dans l’aubier, le phloème et le duramen de l’arbre.
C’est à ce moment que les dommages les plus importants seront causés aux arbres par cette espèce. À vrai dire, l’accumulation des galeries créées par les larves au fil du temps a un effet très dommageable sur les tissus vasculaires de l’arbre et affaiblit la structure de ce dernier. Ces impacts négatifs peuvent malheureusement entraîner la mort de l’hôte. Afin de les détecter, il est possible d’observer le trou d’émergence du longicorne qui est environ de la grosseur d’une pièce de dix cents. De plus, sur la surface du bois, il est possible d’observer des encoches de pontes ainsi que des déjections.
Différencier les parties du tronc d’arbre
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Le cambium est une couche de cellules méristématiques, soit des cellules indifférenciées, permettant à l’arbre de croître et de s’adapter aux variations et aux contraintes de son environnement.
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Le duramen est la section interne de l’arbre où il n’est plus possible de retrouver de cellules vivantes ni d’échanges hydriques.
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L’aubier est quant à lui bien vivant. Situé entre le cambium et le duramen, il comporte des vaisseaux conducteurs permettant de distribuer la sève brute, soit la sève allant des racines jusqu’aux feuilles. Il s’agit donc d’une section très riche en protéines, d’où son attrait pour les larves de longicornes.
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Le phloème est quant à lui responsable de conduire la sève élaborée, un produit très riche en glucides et en sucres produit par les feuilles.
Ok, mais le sirop d’érable dans tout ça?
Malheureusement, les érables font partie des hôtes préférés du longicorne. Au Canada, le développement complet de certains individus a majoritairement été détecté dans les arbres de type « Acer », ce qui en fait l’espèce la plus infestée au pays. Parmi les différents érables que nous pouvons retrouver au Canada, l’érable à sucre (Acer saccharum) et l’érable rouge (Acer rubrum) font partie des espèces pouvant être utilisées pour la production de sirop d’érable. En 2017, l’exportation mondiale du sirop d’érable québécois s’élevait à une valeur de 370 millions de dollars. Selon le gouvernement provincial, présentement 62 % de l’exportation se dirige vers les États-Unis, 24 % vers l’Europe, 6 % vers le Japon et 4 % vers l’Australie. Le Québec se situe donc au premier rang en produisant 70 % de la récolte mondiale! Par conséquent, l’importance économique et culturelle de l’industrie du sirop d’érable au Québec fait des arbres de type « Acer » une priorité dans la prospection et la détection du longicorne étoilé au Québec.
Qu’est-ce qui est présentement fait?
Au Canada, bien que la présence du longicorne étoilé ait été détectée en Ontario en 2013, elle a été rigoureusement combattue. Toutefois, le longicorne se trouve présentement en Caroline du Sud aux États-Unis. Ainsi, cette menace continue de guetter nos érables québécois en raison de la proximité des pays. En ce moment, le Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ainsi que plusieurs autres organismes fédéraux travaillent à surveiller de manière proactive le développement des infestations du ravageur. Lorsque le longicorne étoilé est détecté, des mesures de quarantaine et d’éradication ainsi que des restrictions vis-à-vis du transport de bois sont généralement mises en place.
Que fait la CDRN?
Au cours des divers projets menés sur son territoire, la CDRN s’engage à informer et à sensibiliser les producteurs agricoles et forestiers sur le longicorne étoilé.
EN SAVOIR PLUS
Consultez les fiches techniques sur le longicorne étoilé de l’Agence canadienne d’inspections des aliments ou de Ressource naturelles Canada :