Le perceur de l'érable est un important ravageur dans les érablières québécoises. Il cause de sérieux dommages aux arbres et à leur capacité à produire du sirop. Apprenez-en plus sur ce ravageur et sur la gestion des érablières pour limiter l'impact de ce dernier.
Dommages aux arbres
Les dommages sont causés par la larve qui creuse des galeries dans le tronc. On peut déceler la présence de celle-ci par l’accumulation de sciures d’écorce imbibées de sève près des sites d'entrée (mi-août à fin septembre). Les trous d'entrée sont habituellement situés dans les neuf premiers mètres du tronc, rarement plus haut. Un second signe de présence est la création d’un renflement allongé de l’écorce qui finit par fendre et devenir une plaie ouverte.
Les larves creusent des galeries d'une largeur moyenne de 15 mm sous l'écorce, horizontalement, puis verticalement, ce qui entrave la circulation de la sève et diminue la vitalité de l’arbre. Ainsi privées de sève, des branches meurent et, si le nombre de galeries est important, l’arbre peut également mourir. Seulement trois à quatre larves peuvent suffire à tuer un arbre. L'insecte s'attaque prioritairement à l'érable à sucre, mais aussi à l’érable rouge et à l’érable argenté, et à l'occasion à d'autres feuillus affaiblis.
Identifier le perceur
Caractéristiques de l'adulte :
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Couleur jaune et noir
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Forme jaune en « W » sur les ailes
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dures (élytres)
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Longueur de 30 mm
Caractéristiques de la larve :
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Forme cylindrique
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Couleur blanc rosé
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Longueur de 50 mm à maturité
La vie du perceur
Le perceur a besoin de 24 mois pour réaliser son cycle de vie complet. Les œufs sont pondus en juillet ou en août de la première année. Les larves éclosent peu de temps après. Chacune d'entre elles commence alors à creuser une galerie sous l'écorce pour ensuite s'enfoncer dans le bois pour passer l'hiver.
À la deuxième saison de croissance, les larves poursuivent leur galerie, souvent à la verticale. À l'automne, les larves s'enfoncent à une profondeur d'environ 10 cm. Elles forment une cavité pour passer l'hiver et s'y transformer l'année suivante.
Au début de la troisième saison de croissance, les larves se transforment en pupe puis en adultes.
Surveiller l'Arrivée d'insectes ravageurs
Pour le propriétaire d'une érablière, il peut être avantageux de savoir reconnaître les insectes ravageurs et de détecter leur présence dès leur arrivée. Pour ce faire, on peut surveiller les symptômes sur les arbres, mais il est aussi possible d'installer des pièges. Les pièges, tel le piège Lindgren, sont conçus pour attirer les insectes, les capturer et les empêcher de repartir. On peut alors identifier et dénombrer les insectes capturés.
Gestion des arbres et des boisés
EN MILIEU FORESTIER
Réduire la vulnérabilité de la forêt
En milieu forestier, la meilleure stratégie est la prévention. Le perceur affecte les érables affaiblis ou les arbres sains endommagés. Il faut donc limiter les stress induits comme les blessures ou les bris. Il faut aussi surveiller les signes de stress environnementaux causés par des sécheresses, une forte compétition, des carences ou une acidification du sol, la présence d'un autre ravageur, etc. Voici des exemples de signes à surveiller :
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jaunissement ou chute hâtive des feuilles;
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défoliation, partielle ou totale, des arbres en été;
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manque de régénération au sol;
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changement dans la composition en espèces végétales.
Ensuite, on peut appliquer des techniques sylvicoles pour accroître la vigueur des arbres. Pour ce faire, il est suggéré de se faire conseiller par un ingénieur forestier. Voici un résumé des éléments de base :
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Maintenir une bonne densité des arbres (surface terrière entre 20 et 24 m2 par hectare);
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Conserver de 15 à 20 % de la surface terrière en espèces compagnes;
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Ne pas réaliser de coupes excessives; récolter entre 15 et 20 % de la surface terrière par cycle de 15 ans;
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Éviter les coupes forestières lors de stress environnementaux;
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Limiter, voire éviter, l'entaillage des arbres stressés;
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Ne pas avoir peur de récolter un arbre sénescent;
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Analyser le sol et traiter les carences si cela est justifié.
EN MILIEU RÉSIDENTIEL
Combattre le perceur
Chez un arbre faiblement affecté, on peut repérer les nouvelles galeries entre le début du mois d'août à la fin du mois de septembre, et ce, en inspectant le tronc pour y découvrir des trous circulaires d'où s'écoulent de la sève mêlée à de la sciure. On peut alors tenter de détruire les jeunes larves avec la pointe d'un couteau ou d'une broche. Notez qu'il devrait y avoir une larve par trou d'entrée.
Pour que cette technique soit efficace, elle doit être appliquée alors que les larves sont jeunes et une détection hâtive est ardue.
Protéger les arbres environnants
Le perceur s'attaque habituellement aux érables affaiblis. Pour protéger les érables entourant un arbre touché par le perceur, il peut être avantageux d'éliminer ce dernier en coupant et en brûlant aussitôt que possible l’arbre ou les parties attaquées de l’arbre. Se faisant, on élimine les sources alimentaires de l'insecte et l'on empêche les perceurs présents de devenir des adultes et de se reproduire.
On peut aussi protéger les arbres environnant en maintenant leur vigueur. On peut fertiliser les arbres, mais sans excès. On peut arroser les arbres en cas de sécheresse intense. Il faut aussi éviter de les abîmer, incluant leurs racines. Pour ce faire, il est préférable de ne pas réaliser de taille importante en saison de croissance. Le meilleur moment pour tailler des branches d'une largeur de 2 cm et plus chez les érables se situe entre la chute des feuilles et le début de l'hiver.
On peut aussi empêcher les perceurs adultes de pondre sur les arbres environnants en appliquant un insecticide de contact entre le début du mois de juillet et la fin du mois d'août. Il faut appliquer cet insecticide sur les neuf premiers mètres du tronc et sur les grosses branches.
Érables touchés par le perceur