Le nerprun bourdaine


 

Le nerprun bourdaine est un arbuste, ou un petit arbre, très envahissant. Lorsqu'il est bien développé, il est capable d'empêcher tous végétaux, ou presque, de croître et de se régénérer. Il est donc une menace sérieuse pour la pérennité de nos forêts et des autres milieux naturels. C'est pourquoi il est important de se pencher sur ce problème dès l'apparition du nerprun. 

 

 

Un envahisseur particulièrement performant

Le nerprun bourdaine se développe rapidement. Sa présence est confirmée dans l'ensemble des régions administratives du Québec. En pleine lumière, il peut pousser de plus d'un mètre par année. À l'ombre, il se développe lentement, mais il peut attendre une opportunité pendant 50 ans. Il produit énormément de fruits qui sont surtout dispersés par les oiseaux. Les semences sont viables de 2 à 6 ans et elles ont un haut taux de germination. Le nerprun peut aussi se multiplier par drageonnement. Il est peu consommé par les herbivores. Le couper le stimule à produire des rejets, et ce, jusqu'à 100 rejets par tige coupée. Il peut pousser presque partout; en milieu urbain, en forêt, en milieux humides, etc.

 

 

Identifier le nerprun

On reconnaît le nerprun bourdaine aux caractéristiques ci-dessous.

Feuilles

  • Vert lustré sur le dessus

  • Plus larges au sommet qu'à la base

  • Entières (sans dents)

  • Alternes

  • 6 à 10 nervures par côté

  • Ondulations créées par les nervures

 

Fruits

  • Couleur passant du vert, au rouge, puis au noir

  • Fruits de différentes couleurs sur une même tige de juillet à octobre

  • Accompagnés de discrètes fleurs blanchâtres

 

Écorce

  • Brun rosé à brun grisâtre avec l'âge

  • Lenticelles blanches

 

Bois

  • Bois jaune orangé 

  • Bois de coeur de tiges plus grosses rougeâtre

 

 

La gestion du nerprun

Le nerprun est bien installé au Québec. Il est irréaliste de penser que nous pourrons l’éradiquer complètement de nos milieux naturels. En contrepartie, il faut identifier sa présence le plus rapidement possible et agir pour protéger nos forêts.  

 

L'éliminer près de chez soi 

Le nerprun croît un peu partout : pelouse, fossé, friche, etc. Le nerprun a même été vendu comme plante ornementale par le passé. Cherchez-le près de votre domicile et arrachez-le. 

 


 

 

Éviter sa dispersion

Il est facile de disperser involontairement le nerprun. Ses fruits peuvent s’incruster dans les rainures des semelles ou s'infiltrer dans nos vêtements. Les fruits peuvent être transportés par les roues de machineries et de véhicules récréatifs. Il faut donc inspecter nos chaussures, vêtements, équipements et véhicules, et procéder à leur nettoyage au besoin.

 

Adapter la gestion des milieux naturels

Différentes stratégies de gestion peuvent stimuler le nerprun au détriment des espèces indigènes. Il est donc important de revoir nos stratégies. Un résumé des principales techniques est présenté au verso de cette fiche. Vous pouvez aussi consulter le Guide de gestion du nerprun bourdaine pour les propriétaires forestiers rédigé par l'Agence de mise en valeur de la forêt privée de l'Estrie.  

 

Techniques de contrôle et d'élimination

L'arrachage

Arracher le nerprun est une technique très efficace et réalisable en milieu résidentiel ou sur de petites superficies forestières. Les petits plants s’arrachent facilement à la main, surtout au printemps ou à la suite d’une pluie. Pour les plus grosses tiges, on peut s'aider d'outils à déraciner ou de pelles. 

 

La coupe et de débroussaillage

Bien que le nerprun soit stimulé par la coupe, cette technique est efficace sur une courte durée, rapide et applicable à de plus grandes superficies. Couper le nerprun aux 2 ans, et ce, pendant 6 à 10 ans peut permettre aux jeunes arbres de croître suffisamment pour dépasser les nerpruns. Le meilleur moment pour débroussailler est entre juillet et septembre. 

Couper les tiges de nerprun à hauteur de poitrine est une technique potentiellement intéressante. Certaines observations nous portent à croire que cela stimulerait moins la production de rejets, affaiblirait les plants et les rendrait plus vulnérables aux maladies.

 

Les pesticides chimiques

L’utilisation de pesticides chimiques est controversée, mais elle demeure l’option la plus efficace et opérationnelle pour de grandes superficies. Il faut néanmoins s'attarder à l'acceptabilité sociale du traitement et respecter la réglementation. L'usage des pesticides, autant chimiques que biologiques, est réservé à des entreprises et à des personnes qualifiées titulaires de permis et de certificats valides. 

Le phytocide le plus utilisé en forêt est fabriqué à base de glyphosate. Cette substance est absorbée par les feuilles vertes, elle bloque l’absorption racinaire et elle tue la plante rapidement. Appliquer l’herbicide en septembre protège la majorité des plantes indigènes, car elles ont amorcé leur processus de dormance par opposition au nerprun. De plus, la grande activité biologique des sols forestiers rend le pesticide peu persistant dans l’environnement. Ce sont donc deux raisons qui minimisent les impacts environnementaux.

Nous considérons le traitement aux phytocides chimiques comme une option à considérer dans les cas d’envahissement majeur. Un bosquet dense de nerprun empêche l’installation et la croissance de toute végétation et par conséquent, affecte la biodiversité et la pérennité des forêts. L'utilisation ponctuelle d'un phytocide peut donc avoir un effet bénéfique à long terme si elle permet de rétablir un équilibre entre les espèces. 

 

Les pesticides biologiques

Un produit biologique est disponible pour contrôler le nerprun. L’ingrédient actif de cet herbicide est un champignon nommé Chondrostereum purpureum, soit un champignon indigène au Québec. Le pesticide est vendu sous la forme d’une pâte et il doit être appliqué sur une souche fraîchement coupée par badigeonnage selon les recommandations du fabricant. Cette technique est très efficace, mais son applicabilité est restreinte à de faibles densités ou superficies. 

 

 

Faire de la sylviculture en présence de nerprun

D'un côté, la coupe forestière, la création de chemin ou la préparation de terrain peuvent stimuler le nerprun. De l'autre, arrêter toute mise en valeur des forêts ne ferait que retarder ou déplacer le problème. Il faut plutôt adapter nos pratiques sylvicoles. 

 

La compétition

Il faut limiter la lumière en modulant la récolte des arbres et en limitant les ouvertures. Ensuite, il faut maintenir une bonne compétition. Certaines espèces sont capables d'opprimer le nerprun, dont les peupliers, les framboisiers, le sureau et la verge d’or. Les conserver ou les introduire peut grandement faciliter le contrôle du nerprun. 

 

Une sylviculture adaptée

Il est important d’adopter une stratégie sylvicole qui maintient ou génère de l’ombre dans les peuplements forestiers. Pour ce faire, on peut réduire le taux de prélèvement, allonger la rotation entre deux récoltes et parfois, ne faire aucune intervention sur une longue période. Il est également de mise de favoriser le maintien ou l’établissement de forêts inéquiennes – arbres appartenant à plusieurs classes d’âge, de hauteur et de diamètre différents. La plantation d'arbres dans les trouées est également une avenue pour augmenter la densité d’un peuplement.  

 

Le contrôle du nerprun

La gestion du nerprun n’est pas une tâche aisée. La persévérance et l’assiduité dans les actions de lutte et de suivi sont des gages de réussite. Un objectif réaliste est de maintenir sa distribution à un niveau permettant le développement des arbres, arbustes et herbacées.

 

 

 

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En savoir plus sur le nerprun et sa gestion

Consultez le Guide de gestion du nerprun bourdaine pour les propriétaires forestiers rédigé par l'Agence de mise en valeur de la forêt privée de l'Estrie. 

 

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