La chauve-souris, espèce fétiche des nuits d’Halloween et des histoires sanglantes de vampires, a bien mauvaise presse. Pourtant, ce petit animal qui fascine avec sa physionomie unique et sa capacité d’orientation par l’entremise d’ondes sonores mérite d’être apprécié et surtout, protégé. Les avantages de la présence des chauves-souris dans son environnement sont nombreux!
Connaître les chauves-souris
Au Québec, on retrouve huit espèces de chauves-souris. Toutes sont insectivores. Cinq d’entre elles sont dites « résidentes », c’est-à-dire qu’elles hibernent ici, majoritairement dans des cavernes naturelles.
LES ''SAVIEZ-VOUS QUE''
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Les chauves-souris sont les seuls mammifères qui peuvent voler. En effet, on pense à tort que l’écureuil volant vole. Il est plutôt un planeur hors pair.
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Le système d’écholocalisation des chauves-souris a inspiré les sonars que nous utilisons. En effet, les chauves-souris se dirigent et chassent avec ce système qui leur donne toutes les informations sur la direction, la taille, la distance et même la texture des insectes qu’elles chassent.
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Les chauves-souris ont une espérance de vie de presque 40 ans dans de bonnes conditions. En effet, c’est un fait inusité pour un petit mammifère de cette taille! À titre de comparaison, une souris peut vivre jusqu’à deux ans seulement. Un phénomène surprenant qui peut expliquer ce fait est qu’elle peut réparer son propre ADN, donc ne pas développer de cancer et ralentir son vieillissement!
Remettre les pendules à l’heure sur certains mythes
La rage est très répandue chez les chauves-souris
Faux. « En réalité, moins de 1 % des individus sont porteurs de la rage » explique Victor Grivegnée-Dumoulin, coordonnateur à l’acquisition des connaissances de Corridor appalachien et expert des chauves-souris. « S’il n’y a pas de contact à mains nues avec l’animal, le risque est quasi nul de contracter la maladie ».
Les chauves-souris se prennent dans les cheveux
Faux. Le système d’écholocalisation permet à une chauve-souris de repérer une mouche à une distance impressionnante, tout en l’attrapant en plein vol! Elles sont tout à fait capables d’éviter la tête d’un humain. D’ailleurs, elles ne sont pas aveugles. Leur vue est même plutôt bonne!
Les chauves-souris boivent du sang
Vrai et faux. Les chauves-souris du Canada qui ne mangent que des insectes ne boivent pas du sang. Toutefois, il existe trois espèces de chauves-souris qui sucent du sang sur les 1450 connues. Ces
dernières se trouvent plus dans le sud en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Mais, elles ne sucent pas le sang des humains! Elles préfèrent sucer le sang du bétail.
Les chauves-souris sont des souris volantes
Faux. Les chauves-souris et les souris sont des mammifères, mais les chauves-souris font partie de l’ordre des chiroptères alors que les souris sont des rongeurs. Un avantage pour ceux qui veulent cohabiter avec les chauves-souris : elles n’ont pas des dents permettant de gruger le bois comme les souris.
Un insectivore ultra efficace!
Une seule chauve-souris peut manger de 100 à 500 insectes par heure! En plus d’être importante pour la biodiversité, la chauve-souris a aussi un rôle important dans les écosystèmes pour sa contribution au contrôle de plusieurs insectes. Ce rôle d’insectivore procure des avantages importants aux activités agricoles.
Des pressions qui pèsent sur leur survie
Malgré tous les bienfaits de la présence des chauves-souris dans nos écosystèmes, celles-ci font face à d’importantes pressions qui ont un impact direct sur leur survie.
En plus des pesticides, de la perte et de la modification d’habitats ainsi que du dérangement possible dans les hibernacles ou dans les maternités, la plus grande menace qui pèse sur la chauve-souris est une infection fongique qui nous est venue d’Europe au début des années 2000 : le syndrome du museau blanc.
Depuis l’arrivée de la maladie en Amérique du Nord, on estime que la population de certaines espèces de chauves-souris aurait chuté drastiquement de 90 %. Cette infection est virulente et cause des irritations cutanées intenses, ce qui réveille les chauves-souris lors de leur hibernation. Puisque les chauves-souris se réveillent plus fréquemment pour se gratter, leur dépense calorique est augmentée de façon significative, ce qui diminue leurs réserves énergétiques de façon fulgurante et fait mourir les individus de froid. Selon une étude, il aurait fallu investir 3,7 milliards de dollars par année en pesticides en Amérique du Nord depuis l’arrivée de ce syndrome pour compenser le rôle que jouaient les chauves-souris sur ce plan.
Un statut inquiétant
Ces enjeux ont eu des impacts remarqués sur les chauves-souris partout au Canada et, par conséquent, la petite chauve-souris brune, la chauve-souris nordique ainsi que la pipistrelle de l’Est sont désignées en voie de disparition à l’échelle nationale. La chauve-souris argentée, la chauve-souris cendrée, la chauve-souris pygmée de l’Est et la pipistrelle de l’Est sont des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. Seule la grande chauve-souris brune ne possède actuellement aucun statut. On observe que cette espèce est moins touchée par la maladie et que son déclin est moins préoccupant.
La science à la rescousse
Il est important de mener des inventaires sur ces petits mammifères ailés pour mieux favoriser leur protection et leur rétablissement. En plus de poursuivre sa mission de sensibilisation, Corridor appalachien a initié un projet qui vise notamment à inventorier huit hibernacles présents sur son territoire d’action. Ces emplacements sont le lieu de repos des chauves-souris pour passer l’hiver. Le but de cette étude est de mieux comprendre l’aire de répartition des espèces et de déterminer les menaces locales. Les données recueillies sont partagées avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et permettent d’orienter des actions de conservation et d’aménagement de sites, de favoriser la protection éventuelle de l’habitat naturel des chauves-souris et de réduire les sources de mortalité.
Aussi, afin de répondre à la perte d’habitat de la chauve-souris, Corridor appalachien, en collaboration avec le Zoo de Granby, a installé différents modèles de dortoirs, dont certains sont chauffés, afin d’offrir des opportunités de gîtes aux populations locales de chauves-souris. L’objectif est aussi d’acquérir des connaissances sur les colonies qui utilisent les dortoirs artificiels (espèce, taille des populations, nombre de jeunes) ainsi que sur les caractéristiques optimales des dortoirs utilisés. Certains dortoirs sont même chauffés à l’électricité ou à l’énergie solaire pour offrir les meilleures conditions de confort aux chauves-souris, particulièrement lors des nuits froides.
Faites votre part pour le rétablissement des chauves-souris
Plusieurs moyens concrets peuvent aider les chauves-souris. Si cela est possible pour vous, plantez des arbres feuillus et des conifères qui sont touffus pour offrir un bon abri naturel ; maximisez la plantation d’arbres indigènes ; conservez les chicots (arbres morts et creux) sur votre lot ; protégez les bandes riveraines et revégétalisez celles qui pourraient être dégradées. L’installation d’un dortoir à chauve-souris est aussi une bonne idée. Cependant, faites attention de bien vous renseigner sur le modèle ainsi que sur son emplacement.
Pour conclure, un moyen simple, mais efficace d’aider l’espèce est de partager votre observation lorsque vous en faites une sur le site chauve-souris.ca, surtout si vous pensez avoir découvert une colonie. La priorité afin de protéger les chauves-souris reste de protéger celles qui sont connues.
Beaucoup de chemin reste à faire afin d’éduquer la population à la condition de ce petit mammifère. La sensibilisation, l’acquisition de connaissances et la mise en place d’actions concrètes pour sa protection restent les meilleures avenues pour aider l’espèce.
En savoir plus
Vous avez plus de questions ou vous aimeriez partager votre observation? Visitez le site de Chauve-souris aux abris : www.chauve-souris.ca.