Articles printemps 2024

Vers une acériculture durable : retour sur les journées acéricoles 2024

En janvier dernier, 12 journées acéricoles ont été organisées un peu partout au Québec par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Au programme : cinq conférences axées sur la santé et la durabilité des érablières, dont trois sont résumés dans cet article. La première présente les conclusions de récentes études sur la gestion des érablières. La deuxième parle de pratiques d’entaillage et de désentaillage. Puis, la troisième aborde la conservation et l’entreposage de la sève.

Première conférence

Une des conférences a été offerte par Rock Ouimet, ingénieur forestier, Ph. D., qui est chercheur en pédologie et en nutrition des forêts au ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF). Cette conférence a présenté un récapitulatif des recherches réalisées par le MRNF au cours des dernières années. 

 

Le dépérissement et des causes potentielles

Sachant que 1 % des arbres meurent annuellement dans une érablière moyenne en santé, les érablières au taux de mortalité supérieur peuvent être victime de dépérissement. Ça peut être causé par une diversité de facteurs : qualité de sol, drainage, facteurs biotiques (insectes, champignons, blessures mécaniques, faune, etc.) ou abiotiques (pollution, verglas, sécheresse, etc.). Voyons ce que l’on sait à ce propos. 

La qualité du sol

Si l’on croit que le sol est en cause, il faut réaliser une analyse de sol. En 2012, des normes ont été établies en termes de teneur appropriée en potassium, calcium, phosphore et magnésium. Un logiciel (DELFES) a été développé pour déterminer la présence de carences et pour calculer les amendements nécessaires à appliquer dans l’érablière. 

Les années semencières

Les arbres ont des années semencières, c’est-à-dire des années de fortes productions de semences. La production massive de semences est exigeante pour l’arbre et les études ont démontré que cette production a un effet négatif sur la production de sirop du printemps suivant. Le conférencier a d’ailleurs relevé que l’année 2023 a vu une bonne de production de semences chez les érables à sucre de certaines érablières. Il y a donc des chances que la saison acéricole 2024 s’en ressente par endroits. 

 

 

Les pluies acides

Bien qu’elles soient terminées, les pluies acides ont déversé au moins 40 kg de sulfate par hectare par année sur nos érablières et les effets sur les sols sont toujours présents. Heureusement, on voit depuis peu des signes d’améliorations. On observe une hausse de la concentration en calcium de la litière ainsi que l’apparition d’une régénération en érable à sucre dans certaines stations très acidifiées. 

Le verglas

L’érable à sucre fait partie des espèces indigènes très résilientes au verglas, c’est-à-dire que les arbres ont une très bonne capacité de se rétablir. D’ailleurs, M. Ouimet a présenté une parcelle ayant été fortement touchée par le verglas de 1998 (cime résiduelle de 5 %). Les cimes des arbres étaient régénérées à l’été 2002, soit 4 ans plus tard. 

Le climat

Le climat influence la production de sirop de différentes façons. L’accumulation de chaleur pendant la saison (degrés-jours de croissance) ainsi que le nombre de jours nécessaire pour atteindre un certain niveau de chaleur (nombre de degrés-jours de 75 °C) augmentent le rendement des érables en sirop. De plus, plus la température minimale en hiver est basse, plus la production du sirop est importante. Cela s’explique par un allongement de la saison acéricole. 

Le plomb

Il y a quelques années, une entente a été établie avec la Californie quant à la teneur en plomb et à l’usage d’équipements pouvant potentiellement accroître cette teneur. Le taux maximal autorisé dans le sirop d’érable est de 11 ppb. Au-delà de cette concentration, le producteur doit démontrer que des mesures de réduction du plomb ont été mises en place. 

Bien que les producteurs contribuant à l’exportation de sirop aient modifié leur équipement, les taux de plomb dépassent encore la limite de 11 ppb parfois. D’où vient ce plomb? Avant 1990, la concentration de plomb dans l’air était beaucoup plus élevée en raison de l’essence avec plomb utilisée dans les transports. Le plomb émis dans l’atmosphère est tombé au sol, incluant dans les érablières, par l’intermédiaire de la pluie. Encore aujourd’hui, la concentration de plomb dans les premières couches de sol, celles ayant une bonne concentration en matière organique, frôle les 70 ppm (limite fixée pour les sols agricoles par le Guide de la qualité des sols pour la protection de l’environnement et de la santé humaine). Ce plomb est absorbé par les arbres et se retrouve naturellement dans la sève et le sirop. 

 

Prévenir le dépérissement

La prévention du dépérissement des érablières passe par : 

  • une bonne gestion de la densité du peuplement;

  • une régénération abondante; 

  • une bonne diversité en essences;

  • une protection contre les agents biotiques et abiotiques.

Favoriser la diversité des essences

Il faut conserver au moins 10 % de la surface terrière en essences compagnes afin de contribuer à la stabilité du peuplement, à la résistance aux perturbations, à la fertilité des sols et à la qualité du sirop. La litière des érables à sucre et rouge ont un effet acidifiant sur les sols alors que les espèces compagnes peuvent contrer cet effet. La figure 1 présente la capacité moyenne des espèces à influencer le pH vers des niveaux plus ou moins acides. 

 

 

Les risques de la récolte de sève

La récolte de sève utilise une part des ressources de l’arbre. Cela représente en moyenne 6 % du carbone produit annuellement (figure 2). Un tel niveau ne devrait pas avoir d’impact sur l’arbre, mais plusieurs facteurs restent inconnus. Près de la moitié de la production en carbone est utilisée par l’arbre pour le feuillage, et ce, très peu de temps après la saison des sucres. Est-ce que la récolte de sève et par conséquent, de carbone a un effet à long terme sur la santé des érables? De plus amples études sur le sujet seront nécessaires. 

 

 

On sait par contre que la concentration en acides aminés dans le sirop progresse au fil de la saison. La récolte tardive de sève réduit donc davantage les acides aminés de l’arbre. Comme ceux-ci sont nécessaires à la fabrication des protéines, des enzymes et des molécules de tolérance aux stress, une récolte trop abondante en fin de saison pourrait influer sur la santé des érables. Il reste néanmoins à le démontrer. 

Aujourd’hui, de nombreux producteurs entaillent à un haut vacuum. Pour en évaluer les risques, une étude a mesuré l’effet de l’entaillage sous vide sur la croissance des arbres. Les arbres ayant un diamètre à hauteur de poitrine (DHP) de plus de 25 cm n’ont pas subi d’effet significatif. Comme les plus gros arbres sont ceux qui ont survécu aux aléas du temps, ils sont donc potentiellement plus vigoureux que la moyenne. Par contre, les arbres de moins de 25 cm de DHP ont eu une baisse de vitesse de croissance significative, autant pour les vacuums standard qu’élevé. 

En somme, l’effet de plusieurs facteurs sur la santé des érables est toujours inconnu. La prudence est de mise. 

 

Contrôler les envahisseurs

Plusieurs espèces peuvent envahir les érablières et nuire à la régénération des érables et des espèces compagnes. Parmi ces envahisseurs, il y a la fougère et le hêtre à grandes feuilles. 

Selon une étude du MRNF, la meilleure stratégie pour contrôler la fougère est de la couper ou de l’écraser au début de juin et au début d’août, et ce, pendant deux années consécutives. Puis, il faut chauler si les résultats de l’analyse de sol le recommandent. 

Pour le contrôle du hêtre, la meilleure stratégie est de s’occuper des érables. Si l’on améliore les conditions du site en fonction des besoins spécifiques de l’érable à sucre, la biomasse de ce dernier devrait croître par apport au hêtre. Par exemple, l’érable à sucre en sol carencé réagit très bien à la chaux alors que le hêtre a peu de réactions. À l’opposé, seulement éclaircir et générer de la lumière est très bénéfique au hêtre alors que l’érable n’en bénéficie que légèrement. 

Le conférencier a aussi cité les risques d’importer de nouveaux envahisseurs par l’introduction de terreau en provenance de l’extérieur de l’érablière, tel que la plantation d’arbres avec une motte de terre. Au Vermont, certaines érablières ont ainsi été envahies par des vers de terre exotiques (Amynthas ou vers serpent fou). Cela a complètement modifié le cycle de décomposition et la diversité de la végétation du sous-bois. 

 

Le chaulage des érablières

Le chaulage est un traitement qui a été appliqué dans de nombreuses érablières du Québec. Il a un effet notable sur la croissance des érables en sol carencé en calcium et cet effet est durable. Vingt ans après le chaulage, une station à Duchesnay présente toujours des croissances en hausse et M. Ouimet estime que les effets bénéfiques risquent de perdurer encore plusieurs décennies. 

En augmentant la croissance, le chaulage accroît le volume de sève pouvant être récolté ainsi que le taux de sucre de celle-ci. L’effet bénéfique est lié à la croissance plutôt qu’à la dose de chaux. Par exemple, une étude a démontré que le chaulage a presque doublé le taux de sucre de la sève, et ce, pour les traitements de  2 t/ha autant que ceux de 5 t/ha. Il faut toutefois noter qu’une érablière n’ayant pas besoin d’être chaulée ne présentera pas d’effets bénéfiques suite à un chaulage. 

 

 

Deuxième conférence

La deuxième conférence résumée ici a été offerte par Joël Boutin, technicien agricole, formateur en production acéricole au Centre de formation agricole Saint-Anselme et conseiller acéricole au Club d’encadrement technique acéricole des Appalaches. Elle a abordé les techniques d’entaillage et de désentaillage pour la préservation de la santé des érables et la durabilité de l’acériculture. 

 

L’entaillage et la santé des érables

Plusieurs facteurs influencent le rendement des érables en sirop. Certains sont hors de notre contrôle, comme la météo, alors que d’autres, comme l’entaillage, sont de notre fait. L’entaillage génère des blessures qui sont permanentes et qui provoquent le phénomène de compartimentation. La compartimentation est un processus naturel qui a pour objectif d’isoler les portions blessées ou malades afin de ralentir ou empêcher la propagation des pathogènes. Une entaille se ferme en plus ou moins deux ans selon la santé, la croissance et la vigueur de l’érable. Plus l’arbre met de temps à fermer une blessure, plus il y a de chances que les champignons de carie contaminent l’arbre par l’ouverture. 

Ensuite, la compartimentation génère du bois où aucune sève ne circule et donc, non utilisable pour de futures entailles. Notez que le bois compartimenté occupe un volume de 50 à 150 fois plus grand que celui de l’entaille et qu’une grande quantité de bois compartimenté peut affecter la vigueur de l’arbre.  

Pour toutes ces raisons, il est important de bien choisir la position de l’entaille et la technique utilisée. Il n’existe pas de protocole d’entaillage universel. Il faut s’adapter à la capacité de l’érablière à résister à l’entaillage. Il existe néanmoins diverses bonnes pratiques à adopter. 

 

Le choix des arbres à entailler

Selon les recommandations d’entaillage, un érable doit mesurer au minimum 8 pouces de diamètre à hauteur de poitrine (DHP). Toutefois, des études récentes ont démontré que les érables de 8 pouces ne réagissent pas tous très bien à l’entaillage, surtout lorsqu’ils sont opprimés ou croissent sur un mauvais sol. Depuis, il est recommandé d’attendre un DHP minimum de 9 pouces en terre publique. Cela pourrait aussi être pertinent en forêt privée. Le conférencier a d’ailleurs soulevé que les recommandations québécoises permettent d’entailler de plus petits arbres que celles des États-Unis, de l’Ontario ou du Nouveau-Brunswick. 

Ensuite, il faut aussi s’attarder à la santé, la vigueur et la croissance des érables. Certains éléments nuisent aux érables, tels qu’une tête cassée, de grosses branches mortes, des champignons, des dommages par les insectes ou des fentes importantes. 

 

Les bonnes pratiques d’entaillage

  • Il faut entailler dans du bois sain. Regardez la sciure émise lors de l’entaillage. Le bois sain est blanc alors que le bois compartimenté est brun. Ensuite, la texture du bois ne devrait pas être farineuse, filandreuse ou spongieuse, car ce sont des signes de pourriture. Les entailles dans du bois pourri ont de fortes chances de générer des fuites.

  • Il ne faut pas utiliser de paraformaldéhyde (technique d’autrefois), ni tout autre désinfectant dans l’entaille, car ça augmente la taille de la zone de compartimentation. 

  • Il est préférable de prendre le temps de bien choisir la position de l’entaille. On ne peut pas faire plusieurs trous et choisir après. Les trous réalisés au fil des ans devraient être bien répartis sur le pourtour du tronc. 

  • Il faut éviter d’entailler trop près de bois compartimenté. Un patron d’entaillage systématique est très aidant. Il en existe différents, tels le 2x12 et le 1x16. Pour ce faire, il faut identifier la position de la précédente entaille. Puis, on se déplace horizontalement de 2 pouces et de 12 po verticalement. Sinon, on peut percer 16 pouces au-dessus ou au-dessous de l’entaille existante. 

  • L’angle de l’entaille, dans l’axe horizontal, devrait être perpendiculaire aux cernes de croissance. Avec un tronc de forme irrégulière, l’entaille peut donc pointer dans une direction autre que le centre. 

  • L’angle de l’entaille, dans l’axe vertical, devrait être relevé légèrement afin d’éviter l’introduction de la pluie et de détritus. Une trop forte pente rend l’étanchéité difficile (trou ovale).  

  • Selon une étude réalisée au Vermont, la profondeur idéale de l’entaille est de 1,75 pouce. Au-delà, ça ne génère pas de gain en rendement alors qu’à 1 pouce de profondeur, le rendement est réduit de moitié. On peut diminuer la profondeur si l’on suspecte la présence de bois pourri, d’un cœur creux ou d’un gros cœur coloré. Notez que les érables rouges en milieu humide ont souvent de gros cœurs. 

  • Toujours selon une étude réalisée au Vermont, le diamètre idéal de l’entaille, en termes de rendement, est de 5/16 pouce (10 % plus de rendement que 1/4 pouce). Selon M. Boutin, réduire la taille de l’entaille à 1/4 pouce est valable pour un peuplement très jeune ou peu vigoureux. C’est moins exigeant pour les arbres. Les petits chalumeaux (1/4 pouces et moins) sont aussi généralement plus étanches. Ils peuvent donc être intéressants en cas de temps limiter pour la gestion des fuites. 

  • La coupe de l’entaille devrait être nette. Utiliser la première vitesse de la perceuse aide à être plus stable, permet de voir la sciure, de contrôler la profondeur et de réaliser un trou de meilleure qualité. 

  • Il est recommandé d’utiliser des mèches de qualité, bien aiguisées et exemptes de rouille, et de les entretenir pour les maintenir en état. 

 

 

La deuxième entaille

On peut s’interroger sur la pertinence de réaliser une seconde entaille dans un arbre. Le gain réel est moyennement connu. On sait néanmoins que plus l’arbre est gros et a une bonne croissance, plus le gain est valable. Selon une étude réalisée au Vermont, il est recommandé d’attendre un DHP minimum de 18 à 20 pouces.  

 

La période d’entaillage

L’entaillage devrait être fait le plus près possible de la première coulée, car les canaux de sève s’obstruent avec le temps. Plus les trous sont frais et réalisés avec une coupe franche, plus les canaux de sève permettront un libre écoulement de la sève et par conséquent, plus le rendement sera intéressant. 

Ensuite, il faut penser au potentiel de recul de la sève en cas de récolte avec de la tubulure. Un recul de sève est un signal pour l’arbre déclenchant la cicatrisation (obstruction des canaux). Un producteur désirant entailler tôt en hiver peut utiliser sa pompe à vide en périodes de redoux pour réduire les risques de recul. 
Puis, il faut s’attarder au matériel. Utiliser des équipements neufs, propres ou bien assainis permet d’entailler plus tôt à moindre risque. Du matériel sale peut contaminer l’arbre et réduire la coulée. 

Enfin, le conférencier suggère d’éviter l’entaillage en automne. Les gains réels en productivité n’ont pas été démontrés. De plus, cet entaillage pourrait augmenter la quantité de bois compartimenté. 

 

Le désentaillage

Le désentaillage devrait être réalisé en même temps que l’assainissement de la tubulure. Il faut le faire le plus rapidement possible. Attendre retarde la cicatrisation, accroît le volume de bois compartimenté et les risques de carie. Attendre peut aussi rendre l’extraction du chalumeau plus difficile. 
Pour retirer le chalumeau, il faut préalablement le tourner avant de tirer afin de limiter les risques de décollement de l’écorce. Si l’écorce décolle, la zone de compartimentation augmente énormément en volume, jusqu’à 18 fois. 

 

Troisième conférence

La troisième conférence a aussi été offerte par M. Joël Boutin. Elle a abordé la conservation et l’entreposage de la sève. 

 

Les microorganismes et la sève

M. Boutin a rappelé à tous que la sève d’érable récoltée est un produit périssable qui contient des microorganismes. Certains sont utiles alors que d’autres sont nuisibles. Tant que les microorganismes indésirables demeurent minoritaires, il ne devrait pas y avoir de problèmes importants au moment de la transformation de la sève en sirop. 

À sa sortie des fibres de bois, la sève est stérile. Si l’on faisait du sirop avec une sève aussi parfaite, le goût d’érable serait peu présent, voire absent. En entrant en contact avec le trou, le chalumeau, la tubulure et tous les autres équipements, la sève se contamine progressivement. Plus les microorganismes se développent, plus le goût et la texture du sirop évoluent : passant d’un goût d’érable, à une saveur caramélisée puis, à un goût de mélasse, voir un sirop filant ou suri. Notez que la contamination des équipements varie au fil de la saison. La sève entre en contact avec des équipements contenant de plus en plus de microorganismes et devient elle-même de plus en plus contaminée avec l’avancée du printemps. 

 

Les facteurs de contamination

Les goûts et textures indésirables de sirop (ex. suri ou filant) dépendent de facteurs non contrôlables (microbes présents dans l’environnement, température, caractéristiques du sol, etc.) et d’autres qu’on peut contrôler. C’est sur ces derniers qu’il faut miser pour maximiser notre production. Voyons quelques facteurs.

Le premier est le choix de couleur des tubes. Une couleur foncée peut être attrayante en raison d’un dégel matinal de l’eau plus hâtif de quelques minutes. Toutefois, ce gain perd de son intérêt quand on le compare à la hausse de contamination potentielle de la sève. Plus les tubes sont foncés, plus la sève se réchauffe et plus la dégradation microbienne de celle-ci est importante.

Le deuxième est la propreté des tubes. Un bon lavage annuel des tubes collecteurs est indispensable! Sans un lavage adéquat, la contamination de la sève sera bien supérieure et les tubes vont progressivement se boucher. De plus, saviez-vous que le sirop suri (goût et odeur de jus de pomme) est souvent associé à un mauvais lavage de la tubulure? Il existe différentes techniques de lavage à base d’alcool isopropylique 70 % ou d’acide peracétique. Votre conseiller peut vous aider dans le choix et la procédure. 

Le nivellement des tubes collecteurs a une influence sur l’efficacité du lavage. L’utilisation de tuteurs aide à maintenir les pentes à 1 % ou plus. La présence d’affaissement des tubes crée des zones d’accumulation de sève, mais aussi de liquide de lavage. Cela modifie la concentration des liquides de lavage ainsi que leur efficacité. 

L’utilisation d’un réseau souterrain augmente les risques de dégradation de la sève, car la température journalière du sol se maintient à l’année à près de 4 oC, ce qui est suffisant et favorable au développement des microorganismes. De plus, l’installation d’un système souterrain est difficile à niveler. Des poches d’eau peuvent facilement perdurer dans le système et accroître la prolifération des microbes. Les tubes souterrains nécessitent donc une installation et un nettoyage de très haute qualité. D’ailleurs, le nettoyage doit se faire avant, pendant et après la saison. Chaque jour, il faut en outre passer une éponge dans le système. Cela empêche la formation d’un biofilm qui sera très difficilement lavable par la suite. 

Enfin, tout l’équipement doit pouvoir être lavé, incluant l’ensemble de la tuyauterie intérieure de la cabane. Une installation démontable et non encastrée dans les murs est essentielle. 

 

Le temps de conservation de la sève

Les temps de conservation maximaux de la sève varient selon différents facteurs, dont la température et la date de prélèvement. 

Des températures élevées sont favorables au développement des microorganismes et réduisent le temps de conservation. Attention aux cabanes modernes isolées et chauffées. Elles sont confortables, mais nuisent à la conservation. Il est important de prévoir des ouvertures ou des systèmes de ventilation.  Il existe aussi des systèmes de refroidissement de la sève entreposée, mais il ne faut pas croire que cela va tout solutionner. Une sève préalablement dégradée ne peut être corrigée par le froid. De plus, le refroidissement doit être assez important pour réduire ou arrêter le développement des microorganismes. 

Ensuite, il faut se rappeler que la sève devient de plus en plus riche en éléments nutritifs au fil de la saison. Par conséquent, elle devient de plus en plus nutritive pour les microorganismes. Ces derniers se développent donc plus rapidement dans la sève de fin de saison que dans celle du début. Le temps de conservation diminue donc avec l’avancée de la saison. 

 

 

La transformation de la sève

Certaines étapes nécessitent une attention particulière afin de prévenir le développement des microorganismes. Par exemple, la dernière sève à entrer dans l’évaporateur doit bouillir un minimum de 20 minutes avant l’arrêt de ce dernier. Ce temps est suffisant pour contrecarrer le développement de la bactérie filante et permet d’attendre le lendemain pour continuer l’évaporation. 

Lorsqu’on concentre et évapore tous les jours, les risques de produire du sirop filant sont faibles. Toutefois, faire bouillir une, deux ou trois fois par semaine est plus risqué. Il faut compléter l’évaporation à chaque opération ou réfrigérer le contenu de la grande panne. 

 

La capacité d’entreposage

La capacité des réservoirs doit suffire à nos besoins. Le cas échéant, il peut en résulter une perte de sirop, une transformation du sirop (devenir foncé ou filant) ou un manque de sommeil. La capacité devrait correspondre minimalement à un gallon par entaille ou à deux gallons par entaille en cas de rendement supérieur à 6 lb/entaille.  

 


En savoir plus

Voyez les travaux de recherche de Rock Ouimet à l’adresse : www.mffp.gouv.qc.ca/auteurs-ministeriels/rock-ouimet

Pour communiquer avec le Club d’encadrement technique acéricole des Appalaches - Joël Boutin à l’adresse : carajoelboutin@telus.net 

 

 

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