Articles hiver 2025

Un projet d’usine de biochar; une solution au bois sans preneurs en Chaudière-Appalaches

Afin de vous démontrer l’importance du Conseiller régional au développement forestier de Chaudière-Appalaches, nous vous présentons le résumé de l’étude de préfaisabilité de fabrication de bioénergie et de biochar à partir de la fibre de bois ainsi que le projet d’implantation d’une usine de biochar en Chaudière-Appalaches.

MISE EN CONTEXTE

Il faut remonter en 2018, un peu après la disparition du bois de 4 pieds (la pitoune), afin de bien comprendre l’impact de cette perte sur la production de bois chez nous. Comme bien des régions, la transition vers le sciage et la mécanisation de la récolte de bois ont malheureusement laissé beaucoup de bois sans preneurs dans nos boisés. Un bois sans preneurs, c’est la partie de l’arbre que nous ne pouvons pas vendre, faute de marchés, ou encore, ce sont les essences de bois mal-aimées qui n’ont tout simplement pas de marchés. Avec tout ce bois laissé au sol, plusieurs producteurs ont pris un pas de recul, ce qui a démobilisé un grand nombre d’entre eux.

Au même moment, l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB) participait activement au Plan de développement du territoire agricole et forestier (PDTAF) dans la MRC de la Nouvelle Beauce. Un des enjeux soulevés était la problématique des bois sans preneurs. Ce thème fut inscrit dans le plan d’action et un projet de démarchage a pris forme. Comme l’APBB couvre plusieurs MRC, notre équipe, avec le support de la MRC de la Nouvelle Beauce, en a fait un enjeu régional pour l’ensemble de Chaudière-Appalaches. Avec le support financier de la Table régionale des élus de la Chaudière-Appalaches (TREMCA), du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) et du Syndicat des propriétaires forestiers de la région de Québec (SPFRQ), nous avons engagé une ressource permanente à titre de Conseiller régional au développement forestier de Chaudière-Appalaches.

 

L’ÉTUDE DE FAISABILITÉ

L’APBB a parcouru le territoire de Chaudière-Appalaches, une partie du Québec ainsi que les provinces voisines afin de mieux connaître notre région ainsi que la réalité régionale du bois sans preneur. La sortie du Programme de transition énergétique, celle du Plan pour une économie verte 2030, ainsi que la rencontre de Mme Suzanne Allaire, PDG de GECA Environnement, ont créé les conditions idéales pour la réalisation d’une étude de préfaisabilité sur la production de bioénergie et de biochar à partir de la fibre de bois. Cette étude, financée en bonne partie par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) et de la TREMCA, avait comme mandat de faire l’évaluation de la biomasse, présélectionner des technologies, réaliser une étude de marché, démontrer le potentiel de rentabilité et faire une analyse stratégique.

L’étude de préfaisabilité a permis de confirmer une présence importante de biomasse et de bois sans preneurs dans la région de Chaudière-Appalaches en plus de la cartographier un peu partout sur notre territoire. Elle a aussi permis de constater l’effervescence qui se trame au niveau du développement des technologies, partout dans le monde. La production de biochar, à des niveaux commerciaux, n’est pas encore bien maîtrisée. Nous avons évalué environ 250 technologies pour en arriver à moins d’une dizaine à la fin de l’étude.

Les marchés probants pour l’utilisation du biochar sont peu développés au Québec et au Canada. Cependant, nous pouvons penser que les secteurs de la métallurgie, de l’agriculture et celui du marché du carbone seront à privilégier. Finalement, l’étude a démontré le potentiel de volumes pour notre région, ainsi qu’un potentiel de rentabilité en combinant les meilleures technologies aux marchés de l’avenir. Le défi consiste toujours à produire du biochar de qualité, à des prix concurrentiels, permettant une rémunération suffisante des bois sans preneurs pour assurer un revenu net suffisant pour mobiliser la production.

 

LE PROJET D’USINE DE BIOCHAR

Nous mettons le cap sur 2028, car le mandat qui nous est confié est d’implanter une usine de production de biochar en Chaudière-Appalaches d’ici trois ans. Pour y arriver, nous devrons dans les 18 prochains mois : effectuer le montage de la structure financière et la définition de notre modèle d’affaires; choisir la meilleure technologie en fonction des marchés ciblés; établir un plan d’affaire réaliste afin d’y attirer des partenaires financiers potentiels.

Nous sommes actuellement confrontés à un rajustement de l’industrie concernant la bioénergie. Plusieurs organisations ont pris un pas de recul concernant l’avenue de la métallurgie. Les contextes politiques, tant fédéraux que provinciaux, nous demandent certains ajustements non pas dans la nature du projet et du développement en général, mais dans le soutien et l’accompagnement que nous aurons besoin. Le biochar demeure en effervescence partout dans le monde, mais les débouchés à valeur ajoutée ne sont encore qu’en développement. Nous travaillerons à démontrer le caractère unique de notre projet pour la forêt privée. Nous souhaitons mettre en place une structure pérenne pour la filière forestière en Chaudière-Appalaches. Enfin, nous souhaitons contribuer aux efforts collectifs pour l’adaptation aux changements climatiques ainsi qu’à la création de solutions innovantes pour l’avenir de la foresterie et de notre agriculture.

En terminant, notre objectif est de démontrer l’importance d’investir dans une ressource régionale afin de soutenir le développement du potentiel de la forêt privée. Notre projet a assurément la possibilité d’être reproduit partout au Québec. Nous croyons à l’importance de la forêt privée dans la lutte aux changements climatiques et, surtout, nous croyons en la richesse collective des 134 000 propriétaires forestiers partout au Québec qui, par leurs efforts sylvicoles, font prospérer tout le Québec pour nos générations à venir.

 

 

 

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