En tant qu’habitants du Québec, nous sommes très chanceux de pouvoir profiter d’une multitude d’espaces naturels. Cette chance est accompagnée d’une responsabilité. Nous sommes responsables de maintenir l’intégrité de ces milieux naturels pour l’ensemble des utilisateurs, mais aussi pour les générations à venir. Saviez-vous qu’un Plan nature est en développement au Québec? Il a pour objectif de protéger et de restaurer la biodiversité, et ce, d’ici 2030. Apprenons-en plus sur ce projet très ambitieux!
Depuis près d’un an, le Gouvernement du Québec travaille à l’élaboration d’un Plan nature dans le but de répondre aux engagements pris lors de la COP-15. La COP-15 est une conférence de l’ONU qui a eu lieu à Montréal en décembre 2022 sous le thème de la biodiversité mondiale. Les participants, dont le Canada, se sont engagés à préserver la nature, freiner et renverser la perte de biodiversité, afin de placer les milieux naturels sur la voie du rétablissement d’ici 2050.
Le Plan nature a pour but de présenter des actions en matière de conservation des milieux naturels, d’utilisation durable et d’intégration de la biodiversité à tous les niveaux de gouvernance. Le Gouvernement désirait intégrer les régions dans ce processus. C’est pourquoi il a mandaté les 17 conseils régionaux de l’environnement (CRE) du Québec pour réaliser des ateliers participatifs avec les différents acteurs locaux impliqués auprès de la ressource naturelle (milieux forestier, agricole, de la conservation, municipal, etc.). Ces consultations ont eu lieu à l’automne dernier. Elles avaient pour objectifs d’identifier les contributions potentielles des régions à la préservation et à la restauration de la biodiversité et de définir les ressources nécessaires à la réalisation de ces initiatives. Ensuite, le Gouvernement pourra répartir les fonds prévus au Plan nature, soit 200 M$ pour le sud du Québec (650 M$ au Québec).
Qu’est-ce que la biodiversité?
La biodiversité intègre différents éléments. Le premier fait référence au nombre d’espèces différentes présentes dans un milieu. Pensons aux mammifères, aux oiseaux, aux amphibiens, aux insectes, aux champignons, etc. Ensuite, la biodiversité se traduit à différentes échelles. On s’intéresse à la diversité des écosystèmes et aux interactions entre les vivants, mais aussi à la diversité à l’intérieur des espèces et des populations (ex. diversité génétique). Enfin, la biodiversité inclut les notions de distribution et d’abondance des vivants. Prenons comme exemple une forêt qui contient 100 animaux de 10 espèces différentes. Si elle inclut 90 cerfs de Virginie et 10 autres animaux, la faune sera considérée comme bien moins diversifiée que s’il y avait 10 individus de chacune des espèces. Une bonne distribution et abondance est synonyme de biodiversité.
Les objectifs à atteindre
Le Plan nature s’organise autour de 23 objectifs mondiaux. Voici un résumé des principaux touchant la gestion des forêts :
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Conserver 30 % de nos milieux naturels;
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Restaurer 30 % des écosystèmes dégradés;
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Viser aucune nouvelle perte de la biodiversité;
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Protéger les espèces menacées et vulnérables;
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Réduire l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes et freiner la propagation de celles déjà présentes;
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Utiliser durablement les ressources;
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Accroître la connectivité des milieux.
L’atteinte de ces objectifs est une tâche qui pour l’instant reste nébuleuse. Certains buts sont précis comme restaurer 30 % de nos écosystèmes. Par contre, d’autres ne le sont pas. Par exemple, si l’on réduit d’une espèce la moyenne des espèces exotiques envahissantes entrant au Québec annuellement, est-ce que l’on peut réellement dire que l’objectif est atteint et que nos efforts ont protégé la biodiversité? Si l’on désire que nos efforts portent fruit, il est important de rapidement établir des cibles à atteindre. C’est d’ailleurs l’une des demandes des intervenants régionaux citées lors des consultations.
La protection de superficies
Le premier objectif du Plan nature est de protéger 30 % de nos milieux, ce qui est un défi variable selon les régions. Pour le sud du Québec, le défi est de grande envergure. En consultant le tableau 1, qui présente les superficies protégées par région administrative, on remarque que le sud du Québec est très loin de l’objectif des 30 %. À ce jour, la plupart des superficies québécoises protégées font partie du domaine public. Dans le sud, le territoire public est restreint et souvent déjà protégé. Pour agrandir les surfaces protégées, il faudra miser sur les terrains privés et par conséquent, agir de concert avec les propriétaires.
Trois options sont disponibles aux propriétaires pour que leur terrain figure au registre des aires protégées du Québec.
Outre ces trois options, les propriétaires peuvent contribuer à la protection du territoire et de la biodiversité de plusieurs façons. Malheureusement, ces initiatives ne peuvent être incluses au registre des aires protégées et n’offrent aucun avantage fiscal pour les efforts en conservation. Elles n’en sont pas moins bénéfiques pour la biodiversité. Plusieurs sont accessibles à tous et compatibles avec divers usages de la forêt. Voici des exemples de gestes que peut poser un propriétaire pour aider la biodiversité :
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Connaître la biodiversité de son terrain en observant rigoureusement ce qui s’y trouve ou en demandant à un professionnel de faire un inventaire;
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Faire un suivi de cette biodiversité au fil du temps pour noter les changements possibles (ex. introduction d’une espèce exotique ou déclin d’une espèce indigène);
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Considérer la biodiversité lors de chaque décision;
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Profiter des outils de gestion disponibles et de l’expertise locale pour prendre de bonnes décisions, telle la réalisation d’un plan d’aménagement forestier, régulier ou bonifié;
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Appliquer de saines pratiques forestières telles que présentées dans les guides réalisés par des équipes multidisciplinaires (ex. Guide des saines pratiques d’interventions forestières en milieu humide boisé des forêts privées du Québec);
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Adhérer à la certification FSC par l’intermédiaire de son conseiller forestier ou de son syndicat lorsque le service est offert;
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Contrôler ou circonscrire les plantes exotiques envahissantes sur son terrain telles que le nerprun bourdaine.
Comme il existe un grand nombre de gestes bénéfiques pour la biodiversité et que l’atteinte des 30 % de territoire protégé sera extrêmement laborieuse dans un contexte de territoire privé, ne serait-il pas pertinent de définir les activités compatibles avec les objectifs du Plan nature ainsi que les limites de ces activités. Il existe de nombreux endroits où les gestionnaires arrivent à marier divers usages sur un même territoire. La Forêt Hereford est un excellent exemple combinant protection, restauration, éducation, loisirs, chasse et activités de récolte.
Ensuite, nous pourrions vérifier que les statuts existants des territoires protégés englobent l’ensemble des activités compatibles. Si ce n’est pas le cas, nous pourrions ajouter des statuts ou en modifier certains.
Et surtout, n’oublions pas de travailler en collaboration avec les propriétaires!