Articles hiver 2024

Le nodule noir du cerisier : une maladie qui se propage facilement

Lors d’une marche en forêt, vous avez assurément observé des renflements noirs et difformes agrippés aux branches ou aux troncs de certains arbres. Apprenez-en plus sur la cause de ce phénomène ainsi que sur ses conséquences et les options qui s’offrent à vous, autant en milieu forestier que résidentiel.

Qu’est-ce que le nodule noir?

C’est une maladie très répandue au Québec causée par un champignon (Apiosporina morbosa) qui s’attaque au bois des branches et du tronc des cerisiers et des pruniers principalement. Cette maladie a aussi été observée à l’occasion sur d’autres espèces, tels l’amandier, l’abricotier et le pêcher. 

Ce champignon affecte l’esthétique, provoque un affaiblissement de l’arbre et une baisse de la production en fruits. Puis graduellement, les branches et les petits arbres touchés meurent. Les gros arbres meurent généralement de conséquences indirectes, car les nodules au tronc forment des portes d’entrée à des champignons de carie.

 

Comment identifier la maladie

En début d’infection, un renflement de couleur vert olive d’un aspect duveteux apparaît sur les branches ou le tronc. Ce renflement gonfle, se fissure et noircit progressivement, et ce, jusqu’à devenir des renflements noirs, durs et allongés, appelés stromas. De manière générale, la maladie se développe des branches vers le tronc. L’infection initiale a lieu au tout début du printemps. Les signes et symptômes apparaissent quelques mois plus tard, soit vers la fin de l’été chez un arbre sensible ou au printemps suivant pour un hôte plus résistant.

 

Cycle de la maladie

Tout d’abord, les nodules noirs matures forment des spores blanches (semences). Ces spores sont ensuite dispersées par le vent et la pluie. Elles se déposent sur le tronc et les branches des hôtes potentiels à proximité. Elles germent, traversent l’écorce et atteignent le bois sain. L’infection se développe alors jusqu’à l’arrêt de la croissance de la section touchée. 

Le champignon s’étend sur 10 à 20 cm de part et d’autre du lieu d’infection. Le champignon encercle graduellement les branches ou troncs et une fois le pourtour comblé, la section infectée meurt. Les petites branches meurent en moins d’un an alors que les grosses branches peuvent survivre plusieurs années. Elles deviennent, pendant ce temps, des sources abondantes d’émissions de spores pour la propagation de la maladie. 

 

 

Prévention et lutte en milieu urbain et résidentiel

Éliminer les nodules

Le nodule noir est une maladie localisée qu’on peut retirer si la taille est faite tôt dans le développement de l’infection. 

En hiver ou très tôt au printemps, inspectez vos cerisiers et pruniers. Coupez les nodules noirs présents. La taille doit être accomplie à une distance minimale de 10 cm au-dessous du nodule, soit vers le tronc. Ensuite, éliminez les nodules additionnels à mesure qu’ils se forment.

Il faut absolument désinfecter votre sécateur entre chaque coupe avec de l’alcool à friction, car on peut facilement propager les spores et par conséquent, la maladie. Utiliser un vaporisateur (atomiseur) simplifie la tâche.

Idéalement, détruisez par le feu tous les déchets de coupe rapidement ou avant le printemps afin d’éviter la libération des spores des nodules coupés laissés sur le site et la prolifération de la maladie. Si c’est impossible, mettez-les à la poubelle.

 

Protéger les arbres environnants

Si votre arbre a déjà été infecté ou si des arbres voisins sont infectés, vous pouvez le protéger en le pulvérisant au printemps d’une solution de bouillie soufrée à trois reprises : 

  • avant l’ouverture des bourgeons;

  • lorsque les fleurs sont ouvertes;

  • à la chute des pétales.

Pour réussir son application, il faut bien choisir le moment. L’application doit se faire tôt le matin par une journée ensoleillée. La température au moment de l’application et au cours des 36 heures suivant celle-ci doit être au-dessus du point de congélation.

Un arbre qui possède trois nodules ou plus sera difficilement sauvé par des tailles. Il est préférable de le couper pour protéger les arbres environnants. 

Au moment d’acheter un cerisier ou un prunier ornemental, il faut l’inspecter, car il peut être atteint par la maladie. Certaines variétés ornementales sont plus résistantes, sans être immunisées, dont le cerisier aigre et le cerisier nain rustique.

 

Gérer la maladie en milieu forestier

En milieu forestier, la maladie a un impact limité considérant la faible proportion de cerisiers et de pruniers dans les milieux naturels. De plus, le cerisier tardif est la seule espèce forestière de forte dimension et de valeur commerciale touchée. 

Le nodule noir est une maladie très répandue au Québec et il n’y a pas de solution pour l’enrayer. On peut contrôler son développement par la taille et/ou la récolte des arbres. La faisabilité d’un tel projet dépend du temps à disposition, du nombre d’arbres à traiter et de leur hauteur. 

Le cerisier tardif est une espèce à croissance très rapide. Si l’on désire le tailler, il faut faire un suivi annuel, car les branches peuvent se développer rapidement. Il faut aussi éviter les tailles intenses, car l’arbre réagit en formant des gourmands. Enfin, il faut savoir qu’un arbre possédant trois nodules ou plus sera difficilement sauvé par des tailles. Il peut néanmoins survire 5 à 15 ans par la suite.

Lorsque le nodule noir atteint le tronc, il peut former un chancre atteignant parfois 70 cm. Cela rend le bois inutilisable à des fins commerciales. Ainsi, lorsque le tronc est touché, on peut décider de couper l’arbre pour prévenir la propagation de la maladie. 

Enfin, sachez que la souche de champignon qui cause la maladie sur les cerisiers n’infecte pas les pruniers et inversement.

 

 

La propagation et les changements climatiques

Le nodule noir est une maladie très répandue au Québec et la propagation est plutôt rapide, d’autant plus lors de printemps pluvieux et doux. Malheureusement pour nos cerisiers et pruniers, les températures et les précipitations moyennes de nos printemps sont en hausse en raison des changements climatiques. Cela risque d’augmenter la vulnérabilité de nos arbres à cette maladie.

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