Le 23 novembre dernier, l’AFSQ était heureuse d’avoir la chance d’organiser à nouveau son colloque annuel en présentiel. Pour l’occasion, 70 personnes se sont déplacées à la Cabane à sucre Chez Ti-Père de Drummondville et ont pu participer à deux conférences et trois ateliers d’information, en plus d’échanger entre spécialistes de la forêt et propriétaires de boisé. Voyez un résumé de cette belle journée.
Aménager les érablières rouges
La journée a commencé par une conférence offerte par Carine Annecou, ingénieure forestière et directrice technique au Groupement forestier Arthabaska-Drummond. Elle a parlé de la mise en valeur des érablières rouges en bouquets, car ce sont des peuplements à ne pas négliger, surtout au Centre-du-Québec vu que 32 % du volume sur pied serait de l’érable rouge.
De plus, cette espèce est sensible à la sécheresse et sera par conséquent, soumise à un risque de déclin en raison des changements climatiques. Les érables rouges forment régulièrement des bouquets de tiges, car cet arbre a tendance à facilement faire des rejets de souche. Mme Annecou nous a expliqué les critères de sélection des bouquets à aménager et des tiges d’avenir à conserver parmi ces bouquets.
Voici quelques éléments à retenir :
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Privilégier les tiges issues de semis par apport à un bouquet;
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Favoriser les rejets de petites souches, car le risque d’infection par la carie augmente avec le diamètre et la hauteur de la souche;
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Intervenir alors que les tiges sont au stade de gaulis est préférable;
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Sélectionner les tiges n’ayant pas de cicatrice de pied;
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Choisir des tiges non fusionnées avec d’autres ou qui le sont sur moins de 15 cm de hauteur au-dessus du collet (le collet étant une ligne imaginaire séparant la tige des racines);
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Récolter entièrement les tiges fusionnées sur plus de 15 cm ou les laisser en place pour une récolte ultérieure. Leur cœur ayant fusionné, une coupe partielle favoriserait la pourriture;
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Sélectionner les rejets issus du collet plutôt que les rejets de pied ou latéraux, ces derniers croissants d’une zone plus haute sur la souche.
Maximiser la valeur du bois feuillu
La deuxième conférence a été offerte par Alain Thibeault, directeur général chez Preverco inc. - Division scierie. Il a exposé la nouvelle réalité des usines et a expliqué comment maximiser la valeur de vos forêts en bois feuillus. Il en a profité pour défaire quelques mythes associés à la vente de bois feuillus. Selon plusieurs, les usines sont trop difficiles, mais selon lui, ce n’est pas le cas si on envoie le bois au bon endroit. Chaque usine a des besoins précis. Si le bois est façonné en fonction de ces besoins, il aura un acheteur et une bonne valeur. Par exemple, M. Thibeault nous conseille de ne pas chercher à faire du bois long dans le feuillu. Les billes de 8, 9 et 10 pieds de longueur sont préférables pour les moulins et peuvent plus facilement accéder à des classes de prix plus avantageuses pour vous. Si l’arbre est sain et droit, M. Thibeault encourage fortement à faire des billots; on peut faire de 1 à 4 billots avec de tels arbres, et ce, jusqu’à 10 pouces de diamètre. La coloration de cœur ou les nœuds ne sont pas des critères d’exclusion pour certains acheteurs. Au contraire, ces éléments peuvent apporter une texture aux produits finis tels que les planchers de bois francs. C’est pourquoi, il est important de s’informer sur les critères des moulins et de, pourquoi pas, aller visiter les scieries lors des journées organisées à cet effet par votre syndicat.
Protéger les milieux humides et hydriques
L’après-midi a débuté avec un atelier offert par Marc-André Rhéaume, ingénieur forestier et directeur général adjoint à la Fédération des producteurs forestiers du Québec. Il a parlé des changements réglementaires appliqués à la protection des milieux humides et des cours d’eau. Pour ce faire, il a rappelé que les milieux humides comptent plusieurs milieux boisés productifs et qu’il est possible d’y réaliser des interventions à condition de respecter de saines pratiques forestières. Pour ce faire, il a présenté une nouvelle vidéo qui résume à merveille les stratégies d’intervention. Cette vidéo est disponible au bas de la page www.foretprivee.ca/mhh.
Aménager en présence de l’agrile du frêne
Le deuxième atelier a été donné par Jean-François Pépin, technicien forestier à l’Agence forestière de la Montérégie. Travaillant dans une région où l’agrile est présent en forêt et cause de la mortalité, M. Pépin nous a fait part de son expérience et des stratégies de gestion des frênes qu’il applique sur le terrain. Pour ce faire, il a exposé différents faits sur l’agrile pouvant avoir plusieurs impacts sur nos forêts. D’abord, l’agrile tue environ 99 % des frênes en milieu forestier 8 à 10 ans après l’infestation. Ensuite, la mortalité des frênes pourrait réduire la diversité et la quantité d’espèces compagnes. Cela pourrait engendrer des ouvertures dans les peuplements causant des stress ou des perturbations, tel un envahissement par les fougères ou le nerprun. Cela pourrait aussi favoriser d’autres infestations d’insectes, tel le perceur de l’érable. M. Pépin a ensuite mentionné que certaines caractéristiques des frênes peuvent augmenter leur facteur de risque face à l’agrile. Parmi ceux-ci, il y a évidemment l’état de santé des frêne, mais aussi leur dominance dans le peuplement. Les frênes dominants sont attirants pour l’agrile en raison de leur exposition au soleil; l’agrile appréciant la chaleur et le soleil.
Utiliser les drones en foresterie
Le dernier atelier de la journée a été présenté par Batistin Bour, biologiste et chercheur en télédétection forestière au CERFO. Il a parlé des avancées des 10 dernières années en termes de mise en pratique des drones en foresterie et des perspectives d’avenir. Les drones permettent d’obtenir des informations rapidement et à faibles coûts. À ce jour, ils peuvent assez facilement déterminer la hauteur, les essences et l’état de santé des arbres, détecter des contraintes aux opérations et identifier les milieux humides. Dans certaines forêts, ils peuvent établir la surface terrière, le volume et le diamètre des tiges, la densité des arbres et la présence d’espèces exotiques envahissantes. Enfin, la recherche tend à identifier les maladies des arbres par télédétection.
En savoir plus
Voyez les présentations à l’adresse www.afsq.org/colloque