ARTICLES ÉTÉ 2024

Les pins gris redonnent vie aux forêts brûlées

Le pin gris est une espèce importante de la forêt boréale et des sols pauvres, sableux ou très minces. Il s’est adapté à vivre dans des environnements périodiquement exposés aux feux. Si l’on désire l’aménager, il faut s’attarder à trois caractéristiques pour bien comprendre la dynamique du pin gris. 

Une essence de lumière

Le pin gris est une espèce très intolérante à l’ombre. Les semis ont besoin du plein soleil pour s’établir. L’espèce forme généralement des peuplements purs (suite à un feu de forêt), mais on la retrouve également en peuplement mélangé accompagnée du bouleau blanc et du peuplier faux-tremble. Ces deux essences de lumière ont une croissance très rapide et compétitionnent fortement pour la lumière, jusqu’à mettre en péril la régénération du pin gris. En sous-couvert, on peut retrouver des espèces plus tolérantes comme l’épinette noire et l’épinette blanche.

 

UNE REPRODUCTION ADAPTÉE AUX FEUX DE FORÊT

Le pin gris se régénère suite au passage d’un feu. Sa reproduction est exclusivement sexuée au moyen de graines. Les graines produites chaque année sont conservées sur les branches dans des cônes sérotineux qui ne s’ouvrent qu’à de fortes températures. Celles-ci sont viables plusieurs années. Suite au feu, les graines sont dispersées rapidement et la plupart de la régénération débute lors de la première saison. Cela conduit à l’établissement d’un peuplement d’âge équien. La régénération est optimale dans les peuplements plus âgés, suite à un incendie modéré.

Le passage du feu modifie le sol et garantit des conditions optimales pour la germination et la croissance des semis. La couche de matière organique diminue drastiquement, le sol minéral est exposé et la végétation concurrente se réduit. Bien qu’étant l’espèce la mieux adaptée à cette perturbation, elle en est aussi dépendante. D’ailleurs, en l’absence de feu, il y a peu de régénération préétablie en sous-bois dans les peuplements denses.

La durée des cycles de feu est également une variable bien importante. Dans un contexte où la longévité du pin gris est relativement courte (100 à 150 ans), un cycle de feu trop long risque fort d’entraîner le remplacement progressif de l’espèce par l’épinette noire, le bouleau blanc ou le peuplier faux-tremble. Un cycle de feu trop court est également problématique puisque la banque de graines de pin gris ne sera pas suffisante, ce qui entraînera le même remplacement.

 

 

 

une meilleure performance EN SOL SABLEUX

Le pin gris excelle dans des sols acides et sableux. Son système racinaire profond lui offre une résistance accrue au vent (racine pivotante) et lui permet de s’établir dans des milieux secs et pauvres en matière organique. Sur ces sites, on trouve généralement moins d’espèces concurrentes qui entravent la croissance ou compétitionnent pour la lumière. De pouvoir s’établir sur ces sols est donc un avantage compétitif non négligeable. On peut le retrouver également sur des sols très minces ou des affleurements rocheux.

 

LA SYLVICULTURE DU PIN GRIS

Régénération

En absence du feu, la régénération du pin peut être extrêmement difficile à la suite d’une coupe, car les cônes sérotineux ne peuvent libérer leurs graines. La coupe forestière peut contribuer à disperser les cônes, qui au contact du sol, peuvent s’ouvrir durant les grandes chaleurs de l’été. Mais cela ne constitue pas une régénération suffisante et le sol sera peu favorable à leur établissement, toujours à cause de l’absence de l’action du feu.

De plus, compte tenu de la très faible tolérance à l’ombre de l’espèce, il y a généralement peu de régénération établie en sous-couvert. Le reboisement est donc un incontournable pour s’assurer que le pin gris ne se fasse pas remplacer par d’autres espèces. Avant de reboiser, il importe de préparer le sol pour le rendre réceptif.

Préparation de terrain

Pour reproduire les conditions du passage d’un feu de forêt, il faut scarifier profondément le sol. Se faisant, on procure des lits de germination favorable à la mise en terre et la croissance des plants (diminution de la matière organique, mélange avec l’horizon minéral et lutte aux espèces compétitives).

Éducation de peuplement 

Les espèces compétitives qui affectent le plus le pin gris sont les éricacées, les herbacés, le bouleau blanc et le peuplier faux-tremble. Il est très recommandé d’effectuer un dégagement durant les premières années de la plantation afin de contrôler ces espèces et de permettre au pin gris de croître convenablement. Ainsi, on peut s’assurer d’obtenir la composition et la rentabilité voulue de la plantation.  

Combiné au dégagement, on recommande de réaliser une éclaircie précommerciale vers l’âge de 15 à 20 ans, selon la croissance du site. Les objectifs sont de réduire les espèces compétitrices, d’augmenter la croissance et donc la productivité et le rendement. Cela peut vouloir dire que l’on devra couper certains pins gris, mais cela permettra au final de stimuler la croissance de ceux qui restent. 

 

CONCLUSION

Le pin gris est l’espèce de la forêt boréale la mieux adaptée au feu avec des graines contenues dans des cônes sérotineux qui ne s’ouvrent qu’avec de grandes chaleurs. Comme la coupe forestière ne peut garantir une régénération suffisante, il est coutume d’avoir recours au scarifiage suivi du reboisement.

Étant une espèce intolérante à l’ombre, le contrôle de la végétation compétitive est primordial pour favoriser la croissance des nouveaux plants et protéger la ressource.

 


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