ARTICLES ÉTÉ 2024

Coupes forestières : définition et application

L’aménagement est la clé pour améliorer la santé et la productivité d’un boisé. Pour ce faire, il est essentiel de procéder à de la coupe forestière. Le choix de la coupe est établi selon plusieurs facteurs comme l’âge, la densité, la vigueur, la régénération en place et la composition en essence d’un peuplement. En fonction des résultats, on optera pour une coupe de type « partielle » ou « totale ».

Au fil du temps, plusieurs types de coupes forestières ont vu le jour pour répondre à certains enjeux régionaux ou perturbations naturelles. Pensons notamment aux feux de forêt, aux épidémies de tordeuses des bourgeons de l’épinette (TBE) ou encore aux caribous qui ont chacun leurs spécificités propres et qui touchent des milieux forestiers bien différents des nôtres. C’est pourquoi il existe une panoplie de coupes forestières dont plusieurs ne sont pas applicables chez nous. Cet article se contente donc de définir les coupes « commerciales » présentées dans le Cahier de références technique en forêt privée, qui est l’outil principal des conseillers forestiers qui œuvrent en forêt privée. 

On entend par coupe « commerciale », une coupe où l’on réussit à générer des revenus avec le bois coupé, en opposition aux coupes « précommerciales » où l’on prélève des tiges au diamètre non commercial dans le but de dégager les arbres d’avenir.

Les coupes commerciales sont au nombre de cinq dans le Cahier de références. Ces cinq coupes peuvent ensuite être regroupées dans deux grandes catégories, soit les coupes partielles et les coupes totales.

 

Coupes partielles

Le point commun des coupes partielles est de récolter entre 20 et 50 % du volume de bois afin de dégager les tiges d’avenir et ainsi permettre leur croissance ou leur régénération. Les coupes de ce type s’appliquent dans des peuplements qui ont suffisamment de vigueur pour procéder minimalement à une deuxième coupe sur un horizon de 10 ans.

Éclaircie commerciale

Lorsque la majorité des arbres d’un peuplement ont atteint un diamètre commercial et que la densité des tiges provoque une diminution de la croissance, il est temps de procéder à une éclaircie commerciale. Cette coupe consiste à prélever de 30 à 40 % du volume parmi les tiges défectueuses afin de dégager les tiges d’avenir. Dans les années qui suivent, l’espace libéré permettra aux arbres résiduels de croître plus rapidement. Si la santé du peuplement le permet, on pourra éclaircir une deuxième fois environ 10 ans plus tard ou lorsque les tiges seront à nouveau en perte de croissance. Si la santé du peuplement ne le permet pas, on optera pour un autre type de coupe partielle, comme la coupe progressive d’ensemencement.

L’éclaircie est utilisée principalement dans les plantations qui se prêtent très bien à ce traitement grâce à leur structure régulière. Elle est aussi applicable dans des peuplements naturels à dominance résineuse. Pour maximiser les résultats, on cherche à faire l’éclaircie assez tôt dans la vie du peuplement, aux environs de 30 ans. C’est généralement autour de cet âge que toutes les conditions sont réunies. Dépassé 40 ans, les résultats risquent d’être moins probants et selon la composition en essence, on peut s’exposer à d’autres problèmes comme les chablis.

Coupe progressive d’ensemencement

Si le peuplement est plus âgé et que sa vigueur remet en doute l’efficacité d’une éclaircie commerciale, on peut se tourner vers la coupe progressive d’ensemencement (CPE). Cette coupe vise à établir ou favoriser la régénération d’un peuplement en faisant entrer le soleil suite au prélèvement de 30 à 50 % du volume.  Conserver un couvert forestier permet à la régénération de croître en limitant la compétition des espèces plus agressives comme le framboisier ou les fougères. Ces dernières s’installent rapidement lorsque la densité du peuplement devient trop faible et que l’exposition au soleil est trop grande. 

La CPE est utilisée généralement dans les peuplements naturels à dominance résineuse où la structure est régulière, mais donne aussi des résultats intéressants dans les peuplements mixtes à dominance de feuillus d’ombres comme l’érable à sucre et le bouleau jaune.

 

 

Coupe de jardinage

La coupe de jardinage s’opère dans des peuplements à structure irrégulière. On pense particulièrement aux érablières. Concrètement, on prélève les arbres malades et sans avenir à hauteur de 20 à 35 % du volume. Elle se pratique dans tout type de peuplement naturel. Étant donné son prélèvement plus faible, on peut l’utiliser dans des peuplements où la densité initiale est moins grande.

 

 

On remarque que d’une coupe partielle à l’autre, les objectifs sont sensiblement les mêmes, c’est-à-dire : améliorer la santé et la productivité du peuplement en récoltant une partie des arbres. Comme mentionné précédemment, ce sont les différents indicateurs qui permettent de choisir le type de coupe. L’aspect de la forêt après la coupe peut sembler identique après une CPE ou une coupe de jardinage, c’est toutefois des années plus tard que les résultats pourront être observés.

 

Coupes totales

Les coupes totales, pour leur part, ont moins de variantes. On considère comme totale une coupe où l’on prélève plus de 50 % du volume. Il n’est donc pas nécessaire de se rendre à 100 %, sauf dans une situation où l’on désire reboiser après la coupe. Le cas échéant, il faut récolter l’entièreté des tiges. Autrement, le reboisement devient très compliqué pour les planteurs. Bien que le terme « coupe totale » fasse peur, il est parfois essentiel de l’utiliser. On en distingue deux variantes : la coupe de récupération et la coupe totale « standard ».

Coupe de récupération

Nul n’est à l’abri du vent, du verglas, du feu ou d’une épidémie d’insectes ravageurs. Dépendamment de l’ampleur de la perturbation, les dégâts dans une forêt peuvent être considérables. Contrairement à nous, les arbres ne peuvent être soignés après une blessure grave. Il faut malheureusement les couper. C’est là qu’intervient la coupe de récupération. Le principe est simple, il s’agit de récolter les arbres morts ou en voie de mourir.

 

 

Coupe totale

La coupe totale traditionnelle est plus polyvalente. Elle s’utilise dès lorsque l’on doute du résultat d’une coupe partielle. Un exemple éloquent est le cas d’une sapinière pure. Rendue à son âge de maturité, aux alentours de 50 ans, on peut grandement remettre en doute l’efficacité d’une coupe partielle. Pour la simple et bonne raison que les tiges résiduelles risquent de casser ou de déraciner aux vents dans les années suivant la coupe. Si on suspecte un tel résultat, on est mieux d’opter pour la coupe totale. Le constat est le même pour les peuplements en perdition et sans avenir. Si le peuplement est déjà bien régénéré avant la coupe, son avenir est assuré. Sinon, le reboisement est une option à envisager.

L’aménagement forestier permet d’augmenter la productivité et la résilience de la forêt. En absence d’aménagement, il n’est pas rare de devoir opter pour la coupe totale bien plus tôt que pour un peuplement du même genre qui a été aménagé aux différentes étapes de son existence. C’est un aspect à ne pas négliger. L’élément à retenir est que ce type de coupe peut être reporté à plus tard si, au préalable, on intervient au bon moment dans la vie d’un peuplement.

 

En résumé

Bien que parfois subtiles, les nuances qui distinguent chaque coupe s’avèrent cruciales sur le résultat du traitement et sur l’avenir de la forêt. C’est pourquoi il faut être bien renseigné sur l’état de sa forêt avant de procéder à une coupe. Les différents conseillers forestiers régionaux se feront un plaisir de vous conseiller et vous orienter sur le choix de la coupe. N’hésitez pas à les contacter!

 


En savoir plus

Pour trouver un conseiller forestier œuvrant dans le sud du Québec, consultez le moteur de recherche de l’AFSQ

Pour une autre région du Québec, visitez le site Web de la Fédération des producteurs du Québec

 

 

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