Des sangliers en cavale au Centre-du-Québec… Des cerfs rouges en liberté en Estrie… Chaque année, des dizaines de sangliers, de porcs et de cervidés exotiques (cerfs rouges, wapitis, daims et cerfs sika) sont observés en nature, hors de leurs enclos. Or, leur présence dans l’environnement peut entraîner des conséquences désastreuses, notamment sur la faune et son habitat. En signalant les animaux que vous apercevez en nature, vous contribuez à protéger nos forêts contre ces envahisseurs.
DES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES
Le sanglier, le porc, le cerf rouge, le wapiti, le daim et le cerf sika ne font pas partie de la faune sauvage québécoise. Ce sont des animaux qui sont gardés en captivité, la plupart du temps pour leur viande. Lorsque ces espèces s’échappent de leurs enclos et se retrouvent en nature, elles sont considérées comme des espèces exotiques envahissantes. Introduites hors de leur aire de répartition naturelle, ces espèces ont le potentiel de survivre et de se reproduire dans plusieurs habitats du Québec. Elles constituent une menace pour l’intégrité des écosystèmes, l’économie ou la société.
Les sangliers, les porcs et leurs hybrides (les sangliers et les porcs domestiques peuvent s’accoupler) sont d’ailleurs considérés parmi les espèces terrestres les plus invasives de la planète. Ils sont omnivores, particulièrement prolifiques et ils n’ont pour ainsi dire aucun prédateur. Les sangliers et plusieurs races rustiques de porcs peuvent s’adapter à une grande variété de climats et ils survivent sans problème à nos hivers. Le U.S. Department of Agriculture estime qu’aux États-Unis, les sangliers et les porcs en liberté entraînent des coûts de plus de 2,5 milliards de dollars américains annuellement en dommages et en mesures de contrôle.
DES DOMMAGES IMPORTANTS AUX ESPÈCES INDIGÈNES ET À LEURS HABITATS
L’établissement de sangliers, de porcs et de cervidés exotiques au Québec pourrait nuire à certaines espèces animales indigènes. Les sangliers et les porcs se nourrissent d’amphibiens, de reptiles, de petits mammifères, d’oeufs et d’oiseaux nichant au sol, comme le dindon sauvage, la gélinotte huppée et le tétras du Canada. Ils peuvent aussi, à l’occasion, s’attaquer aux faons des cerfs de Virginie. Les cervidés exotiques compétitionnent avec les cerfs de Virginie et l’orignal pour la nourriture et les meilleurs habitats.
En consommant de grandes quantités de glands, de faînes et de noix, les sangliers et les porcs entrent en compétition, notamment, avec les ours et les écureuils, et affectent également la régénération de certaines essences forestières. Ils altèrent aussi les écosystèmes en se nourrissant des racines des jeunes semis et en labourant le sol à la recherche de nourriture, favorisant ainsi la recolonisation des sites endommagés par des plantes envahissantes. En fonction de leurs régimes alimentaires, les différentes espèces de cervidés exotiques ont elles aussi le potentiel de causer des dommages aux productions sylvicoles.
En se vautrant dans la boue, les sangliers et les porcs causent l’érosion des berges et contaminent les cours d’eau. On estime que chaque sanglier à l’état sauvage détruit plus de quatre hectares de terres humides au cours de sa vie, ce qui représente huit terrains de football!
Les sangliers et les porcs peuvent être porteurs de près de 40 parasites et d’au moins 30 maladies, dont certains sont transmissibles aux humains, aux animaux domestiques, au bétail et à la faune sauvage. Dans certains pays, le sanglier en liberté a joué un rôle important dans la propagation de la peste porcine africaine, une maladie inexistante au Canada, mais qui constitue tout de même une menace pour l’industrie porcine canadienne. Les cervidés échappés de captivité posent également des risques pour l’introduction de certaines maladies exotiques chez la faune. La plus redoutée est assurément la maladie débilitante chronique des cervidés (MDC), une maladie qui affecterait de façon irréversible le cheptel de cervidés sauvage.
UNE ÉQUIPE SPÉCIALISÉE POUR RÉCUPÉRER LES ANIMAUX ÉCHAPPÉS
Lorsqu’une espèce exotique envahissante est établie sur un territoire, c’està- dire qu’elle s’y reproduit avec succès, elle devient pratiquement impossible à éliminer. Pour éviter que cette situation ne se produise au Québec, chaque sanglier, chaque porc domestique et chaque cervidé exotique observé hors de son enclos doit à tout prix être retiré du milieu naturel.
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) compte sur une équipe spécialement entraînée pour la récupération de ces animaux exotiques en fuite. Lors de ses interventions, l’équipe utilise des techniques et du matériel spécialisés qui permettent de récupérer efficacement tous les individus d’un groupe.
Dans un premier temps, l’équipe se rend sur le terrain pour tenter de localiser les bêtes qui se sont échappées. Le secteur est inspecté par l’équipe, qui est à la recherche de signes de présence laissés par les animaux. En plus de l’aide des résidents du secteur, des drones et même des chiens peuvent être utilisés pour retrouver la trace des fugitifs.
Un amas de nourriture est déposé pour attirer les animaux et les fidéliser au site choisi. La méthode de capture est sélectionnée en fonction de la situation : par exemple, lorsque les caméras de surveillance confirment que tous les animaux recherchés sont à l’intérieur, on déclenche à distance la porte d’une imposante cage (un « corral »). Pour les endroits plus difficiles d’accès, un piège en filet, facile à transporter, est utilisé. Il permet une capture passive des animaux, ce qui est bien utile lorsque le réseau cellulaire n’est pas disponible. Pour un gros mâle solitaire qui se présente tous les jours à la même heure, on optera pour un tireur expérimenté posté dans un mirador.
SIGNALEZ LES SANGLIERS, PORCS ET CERVIDÉS EXOTIQUES EN LIBERTÉ!
Si vous croyez avoir observé un sanglier, un porc ou un cervidé exotique en liberté, ou si vous croyez être témoins de signes de leur présence, signalez vos observations, même si vous n’êtes pas certain de l’espèce, à SOS Braconnage – Urgence faune sauvage, par courriel à centralesos@mffp. gouv.qc.ca ou au 1 800 463-2191. Lorsque les observations sont rapportées rapidement, les taux de récupération sont très élevés. Vos signalements jouent un rôle crucial dans la protection des milieux naturels.
Pour faciliter le travail de nos équipes, vous pouvez transmettre les informations suivantes :
- La date, l’heure et le lieu de l’observation (adresse, intersection, coordonnées GPS);
- Le nombre d’animaux observés et si des jeunes les accompagnent;
- Des photos, si possible.
Ne dérangez pas les animaux! Ceci les pousse à se déplacer, les rend méfiants et davantage nocturnes. Ils deviennent alors plus difficiles à localiser et, par conséquent, à récupérer. De plus, les sangliers peuvent devenir agressifs envers vous ou vos animaux de compagnie s’ils se sentent menacés.
Ne tentez surtout pas d’abattre ou de capturer les animaux échappés. Ces actes sont illégaux.
Les sangliers, les porcs et les cervidés exotiques n’ont pas leur place dans nos milieux naturels. Pour protéger la faune du Québec et ses habitats, signalez les animaux observés en liberté!
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