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Réaliser une plantation résineuse : les étapes à suivre

Lorsqu’une forêt à dominance résineuse arrive au bout de sa vie, deux choix s’offrent à un producteur forestier : laisser le peuplement se régénérer naturellement ou bien, le reboiser avec une essence qui est adaptée au milieu. Si l’option retenue est le reboisement, plusieurs étapes doivent être respectées afin d’assurer le succès de la plantation.

ÉTAT DE LA SITUATION

Avant toute chose, il faut d’abord déterminer dans quel type de milieu on cherche à intervenir. Est-ce un ancien champ, une friche, une forêt surannée ou dégradée? La complexité du projet dépendra de la réponse. Si c’est une forêt, est-ce que celle-ci est déjà bien régénérée, oui ou non? Lorsque possible, on mise sur la régénération naturelle au lieu de reboiser. Pour avoir l’heure juste concernant cet élément, un inventaire de régénération est nécessaire.

 

1re ÉTAPE : LA COUPE

Excepté pour les champs et les friches, une coupe préliminaire est nécessaire. Quand on fait une coupe avec reboisement par la suite, il faut absolument que toutes les tiges soient abattues, autant celles commerciales que les non-commerciales. Le parterre de coupe doit être exempt de tiges sur pied afin de faciliter la préparation de terrain ainsi que le reboisement. Il faut donc garder à l’esprit que s’il y a des érables ou autres essences feuillus au travers du peuplement, ils devront également être coupés.

 

2e ÉTAPE : LA PRÉPARATION DE TERRAIN

Suite à la coupe, une préparation de terrain est nécessaire. La mise en andains est la méthode la moins coûteuse de préparation de terrain. Il s’agit de mettre en andain les déchets de coupe à l’aide d’une pelle mécanique munie d’un peigne. Les andains sont de longs monticules de branches, de cimes et de souches qui gênent le travail des reboiseurs. La pelle mécanique doit toutefois porter une attention particulière à ne pas « scalper » le sol, c’est-à-dire à ne pas arracher l’horizon végétal du sol qui facilite l’enracinement des futurs petits plants.

Les andains restent visibles pendant une dizaine d’années avant de graduellement pourrir et s’affaisser. Certains trouvent parfois désagréable de voir ces monticules sur leur terrain et préfèrent opter pour le déchiquetage qui est une option beaucoup plus dispendieuse, mais plus « propre ». Le déchiquetage est plus envisageable dans les friches où l’on retrouve des essences arbustives, comme les aulnes, ou semi-ligneuses, comme les framboisiers. Les champs, quant à eux, nécessitent peu, voire aucune préparation de terrain.

 

3e ÉTAPE : LA PLANTATION

Si le producteur a pour objectif de reboiser pour assurer une production de bois, il devra s’orienter vers une essence résineuse. L’épinette blanche est l’essence de prédilection dans ce genre de situation, sauf exception. Selon le degré d’humidité du terrain, d’autres choix sont possibles : épinette rouge, épinette noire ou mélèze. Les plantations de sapins se font rarement en dehors du cadre des « sapins de Noël ». De plus, le sapin se régénère très bien naturellement et n’a pas besoin de notre aide pour prospérer dans nos forêts, ce qui n’est pas le cas des épinettes, dont la régénération est généralement plus timide.

Selon le cahier de références techniques en forêt privée, la densité recherchée pour une plantation résineuse est de 2 000 plants à l’hectare. Ce qui correspond à un espacement minimal entre les plants de 1,4 m. Lorsque la densité est trop faible, les plants ne seront pas suffisamment en compétition les uns avec les autres et risquent de « grossir » plutôt que de « grandir ». À l’inverse, lorsque la densité est trop forte, les tiges sont trop en compétition pour la lumière et grandissent trop au lieu de grossir, ce qui peut augmenter la fragilité des tiges à la suite d’éclaircies futures.

Le choix du microsite, c’est-à-dire l’endroit où l’on plante chaque arbre, est crucial. Un plant sera incapable de bien s’enraciner et de croître s’il est dans un trou d’eau, au pied d’une souche ou encore entre des rochers. Outre le choix du microsite, la profondeur du plant ainsi que la compaction du sol sont aussi à vérifier afin que les racines de ce dernier ne soient pas exposées au gel.

 

4e ÉTAPE : LES ENTRETIENS

Dans les années suivant le reboisement, la compétition s’installe. On pense principalement aux framboisiers et aux essences de lumière comme le bouleau ou le peuplier qui profitent de l’abondance de soleil pour s’installer et parfois, pour envahir la zone reboisée. Afin d’assurer le succès de l’essence désirée, il est important d’entretenir la plantation, c’est-à-dire de dégager les tiges à l’aide d’une débroussailleuse, par exemple. Pour une plantation typique, on réalise généralement deux entretiens avant de considérer que les plants sont suffisamment grands pour ne plus se soucier de la compétition.

 

5e ÉTAPE : LES ÉCLAIRCIES

Lorsque les tiges atteignent un diamètre dit « commercial », on peut procéder à des éclaircies. Une éclaircie consiste généralement à récolter environ un tiers du volume. La première éclaircie est évidemment moins rentable que les éclaircies subséquentes, puisque l’on récolte les arbres les plus petits et opprimés. À la suite du traitement, les tiges résiduelles ont plus d’espace et de ressources et peuvent donc avoir une croissance plus accrue. Lorsqu’un ralentissement de la croissance se fait remarquer, c’est que les arbres sont à nouveau en compétition et qu’il faut procéder à une nouvelle éclaircie. La règle du pouce en termes de fréquence des éclaircies est d’en réaliser une environ tous les 10 ans.

 

EN CONCLUSION

Une plantation, qu’elle soit résineuse ou feuillue, demande un certain effort ainsi qu’un minimum de suivi de la part du propriétaire afin d’en tirer un maximum de rendement. Le « timing » est l’élément le plus important, soit faire les entretiens et les éclaircies aux bons moments dans la vie de la plantation. Autrement, des années de croissance sont perdues. Il en est de même pour la vigueur des arbres. L’expression « le temps, c’est de l’argent » s’applique également en forêt!

Si vous avez une plantation sur votre terrain ou si vous êtes intéressé à avoir une, consultez votre conseiller forestier local. Il sera en mesure de vous encadrer et de vous accompagner dans ce processus afin de maximiser la productivité de votre boisé.

 

 

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