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Les espèces exotiques envahissantes : une menace pour nos forêts

Les forêts sont des écosystèmes complexes où chaque espèce joue un rôle crucial pour la biodiversité. Lorsqu’une espèce exotique envahissante (EEE) s’introduit dans cet équilibre, les conséquences sont désastreuses. Ces espèces, venues d’autres régions du monde, ont peu de prédateurs naturels dans leur nouvel environnement et se propagent rapidement en causant d’importants dégâts écologiques, économiques et sociaux. Certaines sont particulièrement dangereuses pour les milieux forestiers québécois, comme le longicorne asiatique et le fulgore tacheté.

LE LONGICORNE ASIATIQUE : UN COLÉOPTÈRE DESTRUCTEUR

Originaire d’Asie, le longicorne asiatique (Anoplophora glabripennis) est un coléoptère particulièrement redouté (image d’en-tête). Les larves de cet insecte creusent des galeries dans le bois de nombreux arbres feuillus, affaiblissant la structure de l’arbre et causant fréquemment la mort de ces derniers. Le longicorne asiatique a été détecté pour la première fois en Amérique du Nord dans les années 1990, vraisemblablement transporté dans des matériaux d’emballage en bois. Le longicorne asiatique n’a pas encore été observé au Québec, mais des observations ont été faites en Ontario.

Une attention particulière doit donc être réalisée pour éviter son introduction sur le territoire québécois, car il constitue une grande menace pour l’industrie forestière, particulièrement pour la culture de l’érable à sucre. Il n’a aucun prédateur naturel connu au Canada et il n’existe pas de pesticide contre ce coléoptère. Les arbres attaqués doivent donc être coupés, déchiquetés et brûlés.

Les signes de l’infestation comprennent l’éclaircissement de la cime et la présence de branches mortes, des trous circulaires de la taille d’une pièce de dix sous sur le tronc et les branches, des amas de sciure au pied des arbres, des galeries sous l’écorce, des sites de ponte dans l’écorce et de la sève mousseuse sortant des sites de ponte. En plus des érables, ce coléoptère attaque les peupliers, les saules, les bouleaux, les ormes et d’autres espèces feuillues, ce qui menace gravement la biodiversité et la santé de nos forêts.

 

LE FULGORE TACHETÉ : UNE NOUVELLE MENACE

Le fulgore tacheté (Lycorma delicatula), originaire d’Asie également, est un autre envahisseur qui cause des préoccupations croissantes en Amérique du Nord, particulièrement pour les industries viticole, forestière et fruitière. Il a été signalé pour la première fois en Pennsylvanie aux États-Unis en 2014, mais jusqu’à présent n’a pas été observé au Canada. Cet insecte se nourrit de la sève des arbres, notamment celle des érables, des noyers, des pommiers, des cerisiers, du houblon, des vignes et de plus d’une centaine d’autres espèces, affaiblissant les arbres et les rendant plus vulnérables aux aléas climatiques, aux maladies et aux autres ravageurs. Le fulgore tacheté se déplace à tous les stades de sa vie par la marche, le saut ou le vol et pond ses oeufs sur tout type de surface dure et peut ainsi coloniser rapidement de nouveaux environnements. Sa propagation sur de longues distances est grandement facilitée par le transport lié aux activités humaines, car les oeufs peuvent être pondus sur des véhicules, comme les voitures, les bateaux ou les remorques. Les fulgores tachetés adultes peuvent en effet s’agripper facilement aux véhicules et aux personnes pendant le transport grâce à leurs pattes collantes.

Les fulgores tachetés se distinguent par leurs ailes tachetées, leurs couleurs vives et leur ressemblance à un papillon. Lorsqu’ils sont en train de se nourrir de la sève d’un arbre, il est possible de les observer à l’oeil nu, car ils travaillent en groupe composé de nombreux individus. À la suite de leur passage, il est possible d’observer une substance sucrée et collante nommée « miellat » au pied des arbres. Cette dernière attire les guêpes, les champignons et les plaques de moisissures qui se propagent au pied des arbres et sur le sol à proximité, et qui sont également des indicateurs de passage de fulgores.

 

LES CONSÉQUENCES ÉCOLOGIQUES ET ÉCONOMIQUES DES EEE

Les EEE causent des perturbations écologiques majeures en modifiant la composition des forêts, en réduisant la biodiversité et en perturbant les chaînes alimentaires. Les écosystèmes forestiers, déjà fragilisés par les changements climatiques et d’autres facteurs de stress, peuvent être particulièrement vulnérables à ces intrusions.

Économiquement, les EEE entraînent des coûts importants liés à la gestion des infestations, la perte de productivité forestière et agricole ainsi qu’aux mesures de quarantaine et de contrôle. Par exemple, les érablières sont particulièrement vulnérables aux EEE comme le longicorne asiatique et le fulgore tacheté. Les érables, qui sont essentiels à la production de sirop d’érable, peuvent subir des dommages considérables affectant non seulement la santé des arbres, mais aussi la production de sève. Les infestations peuvent entraîner une baisse de la qualité et de la quantité de sirop produit, impactant ainsi l’économie locale et les moyens de subsistance des producteurs forestiers. De plus, les érablières infestées nécessitent des interventions coûteuses pour tenter de contenir et d’éliminer les ravageurs et les pertes économiques peuvent se chiffrer en millions de dollars.

 

MESURES DE PRÉVENTION ET DE GESTION

La prévention est la première ligne de défense contre les EEE. Les producteurs forestiers peuvent prendre plusieurs mesures pour minimiser les risques d’introduction et de propagation de ces espèces.

SURVEILLANCE RÉGULIÈRE

Inspecter fréquemment les arbres pour détecter les signes d’infestation permet d’agir rapidement en cas de problème.

GESTION DES BOIS ET DES DÉCHETS

Éliminer correctement les matériaux en bois, surtout ceux provenant d’aires infestées, réduit les risques de propagation.

UTILISATION DE PIÈGES ET DE MÉTHODES DE CONTRÔLE BIOLOGIQUE

Des pièges à insectes et des prédateurs naturels peuvent aider à contrôler les populations de ravageurs.

COLLABORATION AVEC LES AUTORITÉS LOCALES ET NATIONALES

Travailler en étroite collaboration avec les organismes de protection des forêts et les programmes de quarantaine pour suivre les directives et participer aux efforts de gestion.

 

 

SENSIBILISATION ET ÉDUCATION

Il est crucial que les producteurs forestiers et le public soient sensibilisés à la menace que représentent les EEE. Des programmes éducatifs, des ateliers et des ressources en ligne peuvent fournir des informations sur la détection, la prévention et la gestion des EEE. En augmentant la prise de conscience et en encourageant les pratiques responsables, il est possible de réduire l’impact de ces espèces sur nos écosystèmes forestiers.

Les EEE comme le longicorne asiatique et le fulgore tacheté représentent une menace sérieuse pour les écosystèmes forestiers. Leur impact écologique et économique peut être dévastateur, mais avec une vigilance accrue, des mesures de prévention et de gestion efficaces, et une sensibilisation continue, il est possible de protéger nos ressources forestières pour les générations futures. Les producteurs forestiers jouent un rôle clé dans cette lutte et, ensemble, nous pouvons faire face à cette menace pour préserver la santé et la diversité de nos écosystèmes forestiers.

 

 


EN SAVOIR PLUS

Voyez les fiches informatives sur le site Web du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie au www.environnementestrie.ca/especes-exotiques-envahissantes-infos/#fiche

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