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La création des groupements : un travail de longue haleine pour des propriétaires forestiers de la région

Cet automne, Aménagement forestier coopératif des Appalaches (AFCA) fête ses 50 ans d’existence. Pour l’occasion, examinons le travail de leurs fondateurs qui a été l’une des pierres d’assise de la fondation de l’ensemble des groupements forestiers québécois.

AFCA a été fondé en 1974. Ce fut le premier regroupement forestier de l’Estrie et le quatrième de la province. AFCA était alors une compagnie de propriétaires de lots boisés nommée : Aménagement forestier et agricole des Appalaches inc.

Au début des années 60, plusieurs municipalités rurales se sont penchées sur un problème grandissant : l’abandon des fermes. C’est pourquoi un comité de développement économique de la paroisse de La Patrie a été formé. Derrière ce comité, il y avait des gens de la région, comme M. Marius Blais, l’un des fondateurs d’AFCA, qui voyaient aller les choses et qui espéraient du changement.

« Dans les années où j’étais p’tit gars, dans les années de mes parents, tout était exploité avec des chevaux. De la coupe à blanc, il ne s’en faisait à peu près pas, mais quand les “skideurs” sont arrivés, il s’est créé des “jobbeurs” un peu partout. Les gars achetaient les lots et les rasaient. Ils ne regardaient pas s’il y avait de l’avenir. […] On trouvait que ça n’avait pas d’allure. [Notre] idée était de cultiver la forêt, plutôt que de la raser, » relate Marius Blais.

En 1961, le comité a déposé un mémoire exposant la réalité forestière locale, soit en résumé : la présence de nombreux lots forestiers publics, l’absence d’apport économique local de la part de ces lots; les activités de pillage de bois sur ces lots et l’importance de la culture du bois pour les cultivateurs locaux.

Le mémoire suggérait au Gouvernement d’attribuer ces lots aux cultivateurs de la région pour créer de la richesse et promouvoir une activité forestière rationnelle. Voyant que cette suggestion restait sans suite, un nouveau projet local vit le jour en 1964 : une coopérative d’aménagement sylvicole. Les buts étaient d’augmenter les revenus des cultivateurs et des villageois, mais aussi d’offrir des emplois à une main-d’oeuvre forestière spécialisée et locale. « On voulait créer des fermes forestières, des unités de production pour remplacer les agriculteurs qui s’en allaient, » explique Marius Blais.

Ce projet de coopérative visait à se démarquer des pillages de bois de l’époque en offrant une foresterie réfléchie. Les services prévoyaient la réalisation d’inventaires et de plans de gestion par un ingénieur forestier ainsi que des travaux de récolte rationnelle et de reboisement. Ce projet a été présenté au ministère des Forêts en précisant qu’une aide serait nécessaire pour concrétiser ce projet. L’idée resta encore sans suite.

En 1972, la région s’organisa pour retravailler le projet. Une vaste consultation populaire a eu lieu. Il en est ressorti que la forêt était la principale possibilité de développement de la région. Les agriculteurs et les forestiers s’entendirent pour demander la création d’une société d’aménagement sylvicole. Ce projet fut approuvé par les conseils municipaux, l’Union des producteurs agricoles (UPA), le Syndicat des producteurs de bois de l’Estrie (appelé Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec aujourd’hui) et le Conseil Régional de Développement. Suite aux consultations avec le ministère des Terres et Forêts, ce dernier conseille d’opter pour la formule du groupement forestier.

 


UN FONDATEUR DÉVOUÉ

Marius Blais est l’un des fondateurs d’AFCA. Il a travaillé à développer l’idée du groupement et son idéologie. Il a milité auprès des instances gouvernementales pour son implantation et le financement de l’aménagement des forêts privées. Ensuite, il s’est impliqué au conseil d’administration du groupement de sa fondation en 1974 à 1991.

La philosophie de M. Blais lui vient des Clubs 4-H, un organisme national de loisir visant à développer l’intérêt et les connaissances de la forêt, de la nature et de l’écocitoyenneté. Selon ses dires : « c’est comme ça [qu’il] développé mon amour de la forêt ».

Depuis son jeune âge, M. Blais est agriculteur à La Patrie et possède plusieurs lots boisés. Il a étudié en agriculture à l’Université Laval où il a fait la rencontre d’un ingénieur forestier, Fernand Côté, qui avait imaginé un modèle similaire à celui du groupement forestier, ce qui l’a beaucoup inspiré pour le développement d’AFCA. M. Blais croyait en l’aménagement durable des forêts et y croira toujours.


 

Comme la région de La Patrie et ses habitants étaient sensibilisés aux problèmes de l’exploitation des lots et proactifs depuis plusieurs années, le Ministère a immédiatement donné au Syndicat le contrat de mettre sur pied un premier groupement forestier dans cette région. Ce groupement devait s’engager à mettre en valeur les terrains publics autant que les terres privées.

 

LE DÉBUT DES OPÉRATIONS

Les opérations du groupement ont commencé dès 1973 même si la charte et l’institution officielle du groupement arrivèrent à l’été 1974. À l’époque, le territoire couvrait cinq paroisses : Chartierville, Notre-Dame-des-Bois, Saint-Léon, Scotstown et La Patrie. Toutefois, le territoire devait, selon les ententes avec le Ministère, rapidement s’agrandir pour couvrir l’ensemble de l’unité d’aménagement, soit 19 paroisses.

La définition de ce territoire faisait écho à la décision du Ministère de séparer le Québec en 45 régions et de propager le modèle des groupements forestiers dans toutes ces régions. M. Marius Blais a été très surpris de cette décision, mais de façon positive. Il est fier que le Ministère ait finalement cru en leur modèle. Il pense aussi que l’association des régions du Bas-Saint-Laurent, de la Beauce et de l’Estrie afin de développer l’idée a inspiré les instances gouvernementales et les a poussées à propager le concept partout au Québec.

En somme, la fondation d’AFCA a nécessité près de 15 années d’effort à se concrétiser. Des efforts qui en valaient la peine aux dires des fondateurs. Nous les remercions de leur dévouement et de leur implication.

 

 

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