Au Québec, comme ailleurs dans le monde, les forêts subissent des cycles de perturbations naturelles en raison des feux, des chablis (arbres renversés par le vent), des épidémies d’insectes et parfois même du verglas. Bien que ces perturbations jouent un rôle manifeste dans le renouvellement de nos forêts, elles entraînent des conséquences socioéconomiques et environnementales significatives.
Les perturbations naturelles provoquent des dégâts plus ou moins importants selon la gravité et la durée de chaque événement ainsi que l’ampleur des superficies atteintes.
Après le passage d’une perturbation naturelle, une proportion des arbres touchés peut être utilisée. Leur récolte et leur transformation en produits du bois permettent de récupérer certains arbres qui, autrement, se dégraderaient sur place. Toutefois, le temps presse : s’ils ne sont pas récoltés rapidement, les arbres touchés perdront toute valeur et ne pourront plus être transformés.
Bien que la récupération du bois requière une logistique importante, elle offre certains avantages pour les communautés dont les forêts sont touchées.
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Elle permet notamment de poursuivre le travail de récolte et de transformation du bois.
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La récupération du bois contribue également à accélérer le retour de la forêt à un état sain et vert, processus qui serait plus long si aucune intervention n’était réalisée.
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La récolte entraînera dans plusieurs cas une diminution du risque de feu. La forêt redeviendra accessible et sécuritaire plus rapidement grâce au retrait du bois sec et cassant.
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Cette récupération contribue aussi à la réduction des gaz à effet de serre par un stockage du carbone dans les produits du bois, plutôt que leur retour dans l’atmosphère, causé lors de la dégradation du bois.
Intervenir selon le type de perturbation
La récupération des arbres touchés nécessite une façon de faire particulière selon chaque type de perturbation. Par exemple, dans le cas des feux de forêt, la récupération des arbres brûlés doit se faire dans un délai très court suivant un feu, soit quelques mois, voire quelques semaines. En effet, ceux-ci deviennent rapidement impropres à la transformation. Ce n’est toutefois pas le cas lors d’épidémies d’insectes, puisque la détérioration des arbres se déroule généralement sur une période de deux à trois ans.
Les perturbations naturelles fréquentes au Québec
Les épidémies d’insectes : le cas de la tordeuse des bourgeons de l’épinette
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La tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) est une chenille indigène, c’est-à-dire qu’on la trouve de façon naturelle dans les forêts québécoises.
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Elle se nourrit surtout des aiguilles des pousses annuelles de sapins et d’épinettes.
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Environ tous les 30 ans, les populations explosent, ce qui provoque une épidémie pouvant durer une quinzaine d’années.
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Les chenilles poursuivent leur broutage d’aiguilles de façon répétée, ce qui affaiblit, avec le temps, les arbres jusqu’à causer leur mort.
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La mortalité sévit de façon plus ou moins importante dans les différentes forêts. Parfois, seuls quelques individus sont touchés, mais en général, le territoire devient clairsemé et une nouvelle forêt s’installera.
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Les forêts jugées les plus à risque sont traitées avec un insecticide biologique. Une priorité est accordée aux endroits où la récolte forestière est prévue, et ce, en forêts publique et privée.
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Comme la TBE joue un rôle écologique dans le rajeunissement des forêts et la création d’habitats, dont bénéficient plusieurs espèces fauniques et floristiques, ce ne sont pas toutes les forêts atteintes qui sont récupérées ou traitées avec un insecticide biologique.
Les feux de forêt
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Des centaines de feux de forêt surviennent chaque année au Québec, de cause humaine dans près de 75 % des cas.
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Les feux de foudre sont moins fréquents, mais ils causent souvent plus de dégâts puisqu’ils sont généralement détectés moins rapidement.
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Aussitôt après le passage d’un feu, de nombreux insectes, surtout des longicornes noirs, s’attaquent à la fibre intérieure des arbres. Ils creusent un réseau de galeries qui laissent des trous qui sont ensuite colonisés par des champignons de coloration et de carie, ce qui nuit à la qualité et à l’apparence du bois.
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La mortalité sévit de façon variable suite au passage du feu. Pour certains secteurs, seuls quelques arbres sont touchés, mais en général, la mortalité est importante et le territoire devient clairsemé. Une nouvelle forêt s’installera.
Les chablis
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Lors du passage d’une tempête ou d’un autre événement climatique causant un chablis, le déroulement de la perturbation est semblable à celui d’un feu. La rapidité de la mortalité des arbres causée par la perturbation et l’arrivée massive des longicornes noirs dégraderont les bois atteints non récoltés.
Rôle du ministère des Ressources naturelles et des Forêts
Au Ministère, des équipes se consacrent au suivi des perturbations aussitôt après leur détection. Un processus s’enclenche pour les localiser et évaluer leur gravité. Des prises de données aériennes, satellitaires et terrestres sont effectuées afin que les équipes puissent suivre la progression de la perturbation et localiser les endroits où intervenir en priorité. Des plans d’aménagement spéciaux sont rapidement élaborés pour permettre la récupération des bois et le reboisement lorsque nécessaire afin, notamment, de limiter les pertes économiques et d’appuyer les communautés de la région ciblée.
Texte tiré du site Forêt démystifiée du ministère des Ressources naturelles et des Forêts : www.québec.ca/foretdemystifiee.