Ceux qui pratiquent la chasse vous le diront, ce sport devient rapidement une passion. Chaque année, peu avant l’ouverture de la chasse de l’espèce prisée, les chasseurs ne tiennent plus en place. La chasse comporte son lot d’aventures et d’inconforts, mais le vrai chasseur ne s’en soucie pas. La fierté de revenir à la maison avec sa proie vaut son pesant d’or et ce n’est certainement pas le froid de l’automne, les horaires matinaux et la solitude qui freineront leurs ardeurs. Tout comme le pêcheur, le chasseur doit s’armer d’une grande patience et être silencieux.
Introduction
Au Québec, ce sont près de 400 000 adeptes de ce loisir qui profitent ainsi de la nature sauvage. Que ce soit pour le défi, la nature, la quiétude du milieu, le goût pour la viande sauvage ou le plaisir de se retrouver entre amis ou en famille, chacun y trouve son compte. Une bonne connaissance de l’espèce convoitée et du territoire de chasse contribuent au succès de chasse. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une chasse se prépare d’avance et que cette préparation fait toute la différence entre revenir bredouille ou avec un trophée!
Ce petit guide vous permettra de vous initier aux bonnes pratiques afin de devenir un bon chasseur. Rappelez-vous qu’il est toujours plus agréable de chasser dans un environnement propre, en respectant la réglementation et les autres usagers du territoire. Ainsi, chacun fera en sorte que cette activité demeure agréable et que les générations futures aient, elles aussi, le plaisir de chasser.
Respect de l’environnement : un enjeu social
Comme pour les campeurs et les randonneurs, les petits gestes posés par les chasseurs peuvent faire une différence si tout le monde fait sa part. Le seul fait de rapporter ses déchets avant de rentrer permet de garder un environnement propre. Imaginez si les 400 000 chasseurs laissaient leurs déchets sur place!
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Le premier geste de tout bon chasseur est d’acheter son permis de chasse. Par cette action, vous versez une somme à la Fondation de la faune du Québec. Ces fonds permettent à la Fondation de financer des projets fauniques.
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Soyez certain de l’identification de la bête et assurez-vous de l’atteindre. Pour ce faire, évitez de faire feu sur un animal si vous avez un doute de l’atteindre mortellement ou de le retrouver avant la nuit. Assurez-vous également de bien identifier, entre autres, l’espèce et le sexe de la cible avant de faire feu.
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Réduisez au minimum votre impact sur les milieux naturels. Abstenez-vous de modifier l’habitat afin de le garder intact pour les espèces qui y habitent. Préservez les milieux fragiles tels que les tourbières et les frayères en évitant d’y circuler en véhicules motorisés.
Plan de gestion
Les plans de gestion ont pour objectif d’optimiser la mise en valeur des espèces de gibier dans le respect de la capacité de support de leur habitat et de la tolérance sociale. Il existe un plan par espèce et par zone de chasse. Chacun d’eux comporte un bilan de l’état de la population et de son exploitation, une description des enjeux associés à l’espèce et des objectifs de récolte qui résultent en des modalités de chasse et autres recommandations. Chaque plan fait l’objet d’une consultation auprès des Tables régionales et provinciales de la faune.
Ce travail de gestion faunique est mis en œuvre par le ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), qui concentre ses efforts sur les espèces sportives les plus populaires, autant les poissons que les mammifères. Trois espèces de mammifères font l’objet d’un plan de gestion, soit le cerf de Virginie, l’orignal et l’ours noir.
Pour prendre connaissance de ces plans de gestion, référez-vous au site Internet du MELCCFP à la rubrique « chasse ».
Chasser en toute sécurité
La vigilance est de mise! Afin de profiter pleinement de ce sport, il est important d’adopter une attitude sécuritaire. Le maniement des armes à feu, des arbalètes ou des arcs n’est pas à prendre à la légère. Une mauvaise utilisation peut provoquer de blessures graves. C’est pourquoi il est obligatoire d’obtenir un certificat du chasseur. Voyez ci-dessous quelques autres règles de sécurité.
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Avant de partir, informez une personne du lieu de votre chasse et de l’heure prévue de votre retour. En cas d’accident, ces informations peuvent permettre l’arrivée des secours plus rapidement.
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Soyez vigilant avec les armes à feu! Connaissez votre arme (le recul, la sensibilité de la détente, etc.). Faites l’essai de votre arme à feu (arc ou arbalète) avant le début de la chasse afin de vous assurer que les ajustements sont bons. Assurez-vous, lors de déplacements en véhicule, que votre arme est déchargée (vide de toute munition), non visible et munie d’un dispositif de verrouillage sécuritaire qui l’empêche de tirer. La nuit, votre arme doit être insérée dans un étui fermé. Lorsque vous marchez, votre arme doit être déchargée, le cran de sûreté mis et le canon pointé vers le sol. Ces comportements permettent d’éviter une détonation accidentelle qui pourrait provoquer des blessures permanentes, voire mortelles, pour vous ou une autre personne. Souvenez-vous que toute arme (à feu, arbalète ou arc) n’est pas un jouet et qu’elle doit être manipulée avec précaution.
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En tout temps, il est obligatoire de porter un dossard orange visible de tous les angles même si vous portez un sac à dos et de prendre connaissance des règlements de chasse ainsi que de connaître les restrictions telles que le tir à partir des chemins publics et la distance des bâtiments et des résidences.
Une viande irrésistible
Pour les adeptes de viandes, aucune viande d’élevage ne surpasse la viande de gibier. Le gibier vivant à l’état sauvage développe une viande moins grasse et plus riche en fer qui est souvent plus goûteuse que la viande retrouvée au supermarché. Cependant, il arrive que l’animal soit sujet aux maladies causées par des parasites, virus, bactéries ou autres contaminants (métaux lourds et pesticides). Ainsi, certaines précautions doivent être prises avant de consommer la viande sauvage de façon sécuritaire.
Il est fortement conseillé de porter des gants à usage unique (style latex) lors de la manipulation, de l’éviscération et de l’écorchage du gibier, et de se laver les mains ainsi que tous instruments ayant servi à ces tâches. Le port de gants est d’autant plus important lorsque vous manipulez un lièvre. Ce dernier est porteur d’une bactérie causant la tularémie, une maladie infectieuse pouvant être transmise à l’homme.
La viande fraîche doit être conservée dans la partie la plus froide du réfrigérateur, soit entre 0 °C et 4 °C, ou au congélateur à -18 °C ou moins.
La consommation des viandes ou abats présentant une couleur, une odeur ou une texture anormale devrait être évitée. De plus, le foie et les reins des cervidés (cerf, orignal) peuvent accumuler une concentration de cadmium et ne devraient pas être consommés. Si toutefois vous raffolez du foie, limitez-vous à un repas par mois. Afin d’éliminer d’éventuelle contamination par les parasites et bactéries, la viande devrait atteindre une température de cuisson de 77 °C. Cette mesure est très importante pour les viandes de l’ours et du sanglier qui peuvent être l’hôte de parasites (trichines) qui causent la maladie de trichinose chez l’homme. La viande de lièvre doit également être bien cuite pour éviter les risques de tularémie.
Pour le bien-être de votre animal de compagnie, ne lui donnez pas du foie ou des poumons à manger. Vous pourriez lui transmettre des parasites.
Maladie débilitante chronique des cervidés
Cette maladie affecte entre autres le cerf de Virginie et l’orignal. C’est une maladie dégénérative mortelle du système nerveux central des cervidés du même type que la maladie de la vache folle. Au Québec, elle n’a pas encore été détectée, mais elle est en croissance en Amérique du Nord (États-Unis, Canada [Saskatchewan et Alberta]). Actuellement, aucun cas de maladie chez l’humain n’a été déclaré. Toutefois, il est recommandé de ne pas consommer la viande d’un animal infecté par une telle maladie.
Il est à noter que depuis le 1er janvier 2012, il est interdit d’importer ou de posséder des carcasses entières ou toute partie du cerveau, de la colonne vertébrale (et de la moelle épinière), des ganglions lymphatiques rétropharyngiens, des yeux, des amygdales, des testicules et des organes internes (rate, foie, cœur, rognons, glandes mammaires, vessie, etc.) de cervidés abattus à l’extérieur du Québec.
Types de permis de chasse et espèces visées
Les gibiers sont répartis en quatre grandes catégories nécessitant des permis différents.
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Gros gibiers (caribou, orignal, cerf de Virginie et ours noir).
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Petits gibiers (carouge à épaulettes, corneille d’Amérique, étourneau sansonnet, gélinotte huppée, lagopède alpin, lagopède des saules, moineau domestique, perdrix grise, quiscale bronzé, tétras du Canada, tétras à queue fine, vacher à tête brune, lapin à queue blanche, lièvre arctique, lièvre d’Amérique, coyote, loup, marmotte commune, raton laveur, renard roux, caille, colin de Virginie, faisans, francolin, perdrix bartavelle, perdrix choukar, perdrix rouge, pigeon biset, pintade, oiseaux migrateurs considérés comme gibier).
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Dindon sauvage.
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Grenouilles.
Conditions pour chasser
Au Québec, toute personne désirant chasser doit être titulaire d’un permis de chasse avec arme à feu, arbalète ou arc pour l’espèce visée et posséder un certificat du chasseur. Pour obtenir le certificat de chasse, il faut être âgé d’au moins 12 ans et suivre la ou les formations nécessaires et réussir les examens. Il existe des journées de la relève et des permis d’initiation à la chasse.
Règlements de chasse
Tout citoyen a le droit de chasser au Québec. Cependant, il doit respecter la réglementation instaurée afin de préserver cette richesse naturelle tant convoitée. Cette réglementation établit :
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Une période de chasse;
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Des restrictions selon le sexe (mâle, femelle), l’âge (veau, adulte) et la présence de bois d’une certaine taille chez quelques gibiers;
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Des limites de prise quotidienne et de possession qui sont déterminées en se basant sur le bilan des populations établi par les biologistes et les tendances de ces populations;
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Le type d’engin de chasse et le calibre à utiliser.
Afin que les règlements de chasse soient adaptés à l’ensemble de la province, le Québec a été divisé en 28 zones de chasse. En ce qui concerne la chasse aux oiseaux migrateurs considérés comme gibier réglementé par le gouvernement fédéral, le Québec est réparti en sept districts. Chaque zone ou district possède une réglementation qui lui est propre. Il est important de prendre connaissance des règlements chaque année pour vérifier, entre autres, la période de chasse de l’espèce visée, les limites autorisées et toutes nouveautés relatives à la réglementation en visitant le site du MELCCFP (rubrique chasse).
Quelques points importants à connaître
Pour chasser, il faut un permis de chasse et le porter sur soi en tout temps. Pour être valide, il doit être signé par le titulaire et la personne qui le délivre. Il n’est pas transférable d’une personne à l’autre. Il permet de chasser seulement l’espèce ou le groupe d’espèces indiqués sur le permis. Il donne droit à une limite de prise pour l’espèce ou le groupe d’espèces spécifiques au permis.
La limite de prise quotidienne indique le nombre de gibiers pris durant la journée pour une espèce incluant les gibiers consommés la journée même.
La limite de possession réfère au nombre de gibiers d’une espèce que l’on peut avoir en sa possession en tout temps et en tout lieu (au chalet, sur la route ou à la maison).
Nombre de permis et enregistrement du gibier
Pour la chasse à l’orignal, la limite est d’un orignal par deux ou trois chasseurs selon les zones.
Aussitôt qu’un caribou, un cerf de Virginie, un orignal, un ours noir ou un dindon sauvage est abattu, le chasseur doit détacher de son permis le coupon de transport approprié et l’attacher sur l’animal.
Le chasseur qui a abattu un caribou, un cerf de Virginie, un orignal, un ours noir ou un dindon sauvage doit présenter lui-même son permis et faire enregistrer son animal auprès d’une personne, société ou association autorisée par le Ministère dans les 48 heures suivant sa sortie du lieu de chasse.
Lors de l’enregistrement du gibier, le chasseur doit aussi déclarer le calibre de l’arme à feu utilisée, le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule utilisé pour le transport du gibier, la zone de chasse, le lieu précis de l’abattage, le sexe de l’animal, la classe d’âge, son adresse, etc. et doit payer le tarif applicable pour l’enregistrement de l’animal.
Abattage par méprise
Il est de la responsabilité du chasseur de bien identifier l’animal sur lequel il tire ou de s’assurer que les membres d’une même expédition puissent communiquer entre eux en cas d’abattage d’un animal. Or, chaque année, il arrive à la suite d’une erreur d’identification ou d’une mauvaise interprétation d’une situation que les chasseurs abattent de gros gibiers par méprise.
Quoi faire lorsque cette situation survient
Le Ministère a mis en place des mesures pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de braconnage.
Afin de démontrer que l’abattage n’est pas un acte de braconnage, le chasseur doit :
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Cesser la chasse immédiatement et apposer son coupon de transport sur l’animal;
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Prendre toutes les dispositions nécessaires pour ne pas abandonner ou gaspiller la viande comestible, en éviscérant, entreposant et transportant l’animal adéquatement jusqu’à l’enregistrement;
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L’enregistrement se fait obligatoirement auprès d’un agent de protection de la faune. Pour ce faire, le chasseur doit joindre sans délai un agent au bureau de la Protection de la faune le plus près du lieu d’abattage ou appeler S.O.S braconnage au 1 800 463-2191;
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Remettre l’animal à l’agent de protection de la faune lors de l’enregistrement.