Agrile du frêne

Nom latin : Agrilus planipennis
Nom anglais : Emerald ash borer

Description
Sans ennemis naturels en Amérique du Nord, ce ravageur exotique représente une grave menace. Il attaque des frênes en santé et provoque la mort de l’arbre en quelques années seulement. Malgré son arrivée relativement récente en Amérique en 2002, l’agrile du frêne a déjà causé la mort de millions d’arbres aux États-Unis et au Canada et des milliards d’autres arbres risquent d’être infestés et d’en mourir partout en Amérique du Nord.

Hôtes
Frêne blanc, frêne bleu, frêne d’Austin, frêne de l’Oregon, frêne noir, frêne pubescent, frêne rouge, frêne vert

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Oeufs
Largeur d’environ 1 mm
Pondus entre juin et août
Éclosion en 10 jours

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Larves
Taille mature : 26 à 32 mm de long
Verdâtre clair, aplaties
10 segments en forme de cloche
Tracent des sillons en forme de S
Présentent toute l’année

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Nymphes
État de transition d’une durée de 1 à 2 semaines en avril ou mai

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Adulte
5,8 à 14 mm de long
3,1 à 3,4 mm de large
Vert émeraude brillant et métallique
Abdomen rouge cuivré

Dommages et symptômes

Étape 1 (durée estimée entre 2 et 3 ans)
Apparence indemne ou dépérissement d’une seule branche

Étape 2 (durée estimée à 1 an)
Possible jaunissement, feuilles clairsemées, surtout dans la cime

Étape 3 (durée estimée à 1 an)
Dépérissement important de la cime et apparition de gourmands

Étape 4 (durée estimée à 1 an)
Nombreux gourmands, cime dégarnie, l’écorce se détache et arbre moribond

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* Veuillez noter que les durées mentionnées font référence aux observations disponibles. Les premières infestations ont eu lieu en Ontario et aux États-Unis, soit sous un climat plus chaud. De plus, aucune information précise n’est disponible sur les milieux forestiers. On peut s’attendre à ce que les boisés du Québec dépérissent plus lentement que les arbres urbains ou les boisés ontariens où les frênes sont davantage en peuplements purs. 

Autres signes

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Sillons en forme de S laissés par les larves

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Trou laissé à la sortie des adultes

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Taches roses parfois visibles sur l’écorce lisse

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Fentes dans l’écorce

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Feuilles mangées par des adultes
Difficilement différentiable des traces laissées par les autres insectes

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Apparition de gourmands

  • Présence de pics ou de trous de pics
  • Écorce arrachée par l'alimentation des écureuils
  • Surabondance de graines
  • Présence de la cochenille virgule du pommier

Détection

Arbres à haut risque
L’agrile affectionne la chaleur. Il faut surveiller en priorité les arbres isolés et leurs cimes, tels les arbres sur les terrains résidentiels ou en milieu urbain. Dans les secteurs forestiers, les arbres les plus susceptibles d’être touchés sont ceux en bordure de chemins et exposés au sud.

Techniques de détection
La recherche de larves est la technique la plus fiable et offrant l’identification la plus hâtive. Un protocole a été développé pour la détection d’arbres infectés en milieu urbain. Il consiste en l’écorçage de 2 sections de branche de 50 cm de long avec un diamètre de 5 à 12 cm. Les branches doivent être prélevées à la mi-couronne (au milieu de la zone de branches) dans un frêne dont le diamètre à hauteur de poitrine se situe entre 20 et 50 cm. Si possible, sélectionnez des branches dont l’écorce est rugueuse, car les agriles femelles les préfèrent comme site de ponte. Cette technique devrait être appliquée entre septembre et mai, car à cette période, les larves sont plus grosses et plus faciles à trouver. Si vous avez beaucoup d’arbres à tester, vous pouvez prélever les branches à l’automne et effectuer l’écorçage au cours de l’hiver. Enfin, l’écorce doit être retirée en fines couches, car les larves sont aplaties et il est facile de les manquer.

Une seconde technique est d’installer des pièges pour capturer des adultes. Cela vous indiquera seulement que l’agrile est présent dans votre secteur. De plus, ce moyen n’est pas efficace en début d’infestation, car l’agrile est peu attiré par les pièges à phéromone. Par contre, cette technique exige moins de temps. Pour maximiser le succès, les pièges devraient être installés le plus haut possible dans des arbres à risque en juin, être vérifiés en juillet, puis être retirés en août.

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Gestion des arbres et des boisés

En milieu urbain ou résidentiel
Un des premiers éléments à considérer dans le cas d’un arbre en milieu urbain ou résidentiel est la sécurité. Il faut s’assurer avant tout que l’arbre ne risque pas de tomber dans une zone de circulation ou sur un bâtiment. Si c’est le cas, il est préférable d’abattre l’arbre. Sinon, il est suggéré d’évaluer l’état de santé de l’arbre. Si l’agrile est bien établi dans l’arbre et que ce dernier montre plus d’un signe de dépérissement, l’arbre ne survivra pas à l’insecte, il devra être abattu à court ou moyen terme. Par contre, si l’arbre n’est pas touché par l’insecte ou s’il est encore en bonne santé malgré la présence de l’agrile, il est possible de le traiter avec un insecticide. Vu que le traitement a une durée d’efficacité limitée et qu’il doit être appliqué aux 2 ans, il est généralement appliqué à des arbres ayant une valeur importante, qu’elle soit ornementale, historique ou culturelle.

Insecticide
Afin de réduire les populations d’agriles, les chercheurs du Service canadien des forêts ont élaboré un insecticide à injecter dans la sève de l’arbre : le TreeAzin. Ils ont travaillé à partir d’un arbre originaire de l’Inde, le margousier, pour en extraire un insecticide naturel. Ce dernier est homologué au Canada de manière temporaire depuis 2008 en raison de l’urgence de la situation. Appliqué de façon préventive, il protège les arbres et évite l’attaque. Sur des arbres faiblement attaqués, le TreeAzin a pour effet de tuer les larves. Par contre, si les arbres sont massivement attaqués, les sillons créés par les larves empêchent l’insecticide de se disperser et d’être efficace.

En milieu forestier
Il ne faut pas s’empresser de couper tous les frênes. Il est important de conserver de la variété; les forêts diversifiées sont plus résistantes et résilientes aux variations de l’environnement et elles contiennent davantage d’habitats pour la faune. De plus, les arbres conservent leur valeur marchande 3 à 5 ans après l’attaque initiale. Enfin, 1 % des frênes ont survécu au passage de l’agrile dans les premiers secteurs touchés. Avec plus de temps et de spécimens résistants, les études devraient expliquer la cause de cette résistance et potentiellement trouver un moyen pour transmettre cette caractéristique à la prochaine génération de frêne.

Voici quelques conseils :

  • Récolter les frênes dépérissants
  • Encourager la croissance d'autres essences ayant des tiges en santé et des diamètres variés
  • Limiter la récolte pour ne pas favoriser la croissance d'espèces non désirées, tels le nerprun, le framboisier, etc.
  • Consulter un conseiller forestier pour établir un plan qui répondra à vos objectifs
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TreeAzin

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Boisé de l’Ontario touché par l’agrile

Prévention ou lutte

Progression
L’élément le plus important avec les espèces exotiques envahissantes est de limiter (voire enrayer) la progression de l’espèce. Dans le cas de l’agrile, les caractéristiques de cet insecte ne nous permettront pas de l’éliminer ou de stopper sa progression. Nous pouvons par contre travailler à le ralentir. Naturellement, l’insecte se déplace peu, quelques kilomètres par année en vol. Le facteur critique est donc le déplacement dû aux activités humaines. Comme les larves vivent sous l’écorce et peuvent survivre et poursuivre leur transformation en adulte dans un arbre coupé ou une bûche, le déplacement de bois est la cause principale de la propagation de l’espèce sur de longues distances.

Le bois (billots ou autres parties du frêne et tout bois de chauffage) ne doit donc pas être déplacé d’une région contaminée vers une qui ne l’est pas. Pour ce faire, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) fait un suivi de la progression de l’insecte et révise la carte des zones règlementées. Si du bois de frêne d’une zone règlementée doit être déplacé vers une usine de transformation hors de cette zone, il est possible de le faire sous plusieurs conditions. Les principales sont : le transport doit se faire en hiver seulement, l’usine doit être accréditée par l’ACIA et le transporteur doit enregistrer le chargement auprès de l’ACIA. Pour tous les détails, veuillez consulter votre Syndicat et office de bois.

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Champignon pathogène
Il existe des champignons entomopathogènes, c’est-à-dire des champignons capables de provoquer une maladie chez un insecte spécifique comme l’agrile du frêne. Des scientifiques du Service canadien des forêts et de l’INRS-Institut Armand-Frappier ont créé un piège contenant une chambre spéciale pour un champignon pathogène. L’insecte attiré par 2 appâts olfactifs entre dans le piège, marche sur le champignon et se contamine de spores. À partir de ce moment, ses jours sont comptés; les spores du champignon se fixent sur l’insecte, puis germent. Le champignon pénètre dans l’insecte et tue l’agrile en s’en nourrissant. L’agrile ne va toutefois pas mourir dans le piège, car ce dernier est conçu de manière à ce que l’insecte puisse s’en évader et rejoindre ses partenaires pour s’accoupler. Il transmettra ainsi à son tour les spores mortelles. Les recherches sur ce champignon ne sont pas complétées, mais plusieurs pièges essais sont installés dans certaines régions infestées.

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Champignon pathogène

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Piège avec le champignon

Guêpe parasitoïde
Un autre moyen de lutte est l’usage d’une guêpe parasitoïde, Tetrastichus planipennisi. Cette guêpe est minuscule, ne pique pas et s’attaque exclusivement aux agriles du frêne. La femelle pond des oeufs dans une larve d’agrile. Les oeufs vont éclore et les petits vont se nourrir de l’agrile jusqu’à la tuer. En Chine, 32 à 65 % des larves d’agrile sont parasités par cette guêpe. Chez nous, la guêpe n’est pas naturellement présente. De nombreux tests ont déterminé que l’introduction de la guêpe n’aurait pas de conséquences négatives sur notre écosystème naturel. C’est pourquoi un premier relâché a été fait à titre expérimental à l’été 2014 à Gatineau. Cela a eu pour effet de réduire significativement les populations d’agrile dans la ville. Depuis, des relâchés sont faits chaque été à Montréal.

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Guêpe parasitoïde

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